SantéAprès une polémique, Malte examine l’interdiction de l’avortement
Jeudi, le gouvernement maltais a décidé de réagir après qu’une touriste américaine n’a pu avorter d’un fœtus qui n’avait aucune chance de survie, au risque de mettre en danger la santé de la jeune femme.
Le gouvernement maltais a annoncé jeudi un examen de l’application de l’interdiction de l’avortement dans le pays, après une polémique sur une touriste américaine enceinte qui s’est vue refuser d’avorter, alors que son bébé était condamné. «J’ai demandé à nos équipes de regarder si certaines parties de notre législation empêchent nos médecins de prodiguer des soins là où ils sont nécessaires», a déclaré le ministre maltais de la Santé, Chris Fearne, aux journalistes.
Il s’agit du premier commentaire du gouvernement maltais depuis la polémique liée au cas d’Andrea Prudente, 38 ans, qui s’était vu refuser un avortement la semaine dernière après avoir fait une fausse couche partielle pendant ses vacances sur l’île méditerranéenne.
Le fœtus n’avait aucune chance
Le fœtus n’avait aucune chance de survie, mais malgré le risque d’une infection mortelle pour la mère, les médecins avaient refusé d’intervenir en raison de la loi draconienne dans ce pays majoritairement catholique, le seul de l’Union européenne interdisant complètement l’avortement.
Le couple a finalement été transféré par avion en Espagne, où Andrea Prudente a été prise en charge. Mais l’affaire a provoqué de vives protestations et attiré l’attention internationale sur la législation du pays. «La loi maltaise ne devrait en aucun cas empêcher nos médecins et professionnels de sauver des vies», a souligné Chris Fearne, lui-même ancien chirurgien.
Jusqu’à quatre ans de prison
Les médecins pratiquant des avortements peuvent écoper de quatre ans de prison et d’une interdiction à vie d’exercer la médecine. «J’ai la garantie de l’avocat de l’État (le plus haut responsable juridique à Malte) que, dans ce genre de cas, aucune mesure n’est prise contre des professionnels de santé qui administrent un traitement et font tout leur possible pour sauver des vies», a déclaré Chris Fearne. «Ce n’est pas un cas isolé (…) Cela s’est déjà produit et se reproduira», a-t-il ajouté.
Chris Fearne n’a toutefois pas évoqué une éventuelle modification de la loi du pays, où le sujet est rarement abordé par la classe politique. Lundi, plus de 130 médecins maltais avaient déposé un recours juridique contre l’interdiction de l’avortement, estimant qu’elle empêchait les médecins de fournir des «soins immédiats et opportuns».