Réforme des retraitesLe ton se durcit à l’Assemblée française, avant la rue mardi
Alors que, ce mardi, la France va faire face à une journée de grève, notamment dans l’enseignement et les transports, le gouvernement tient au projet de réforme des retraites. Mais l’opposition grogne.
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Les nombreux appels à la grève (ici à Rezé, près de Nantes) laissent présager d’une journée mouvementée en France ce mardi.
REUTERSLa tension est montée d’un cran, lundi, entre le gouvernement français et l’opposition sur la réforme des retraites, débattue à l’Assemblée nationale et jugée «indispensable» par Emmanuel Macron, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation dans les rues.
En déplacement à La Haye, le président a défendu sa réforme, «indispensable quand on se compare en Europe» et afin de «sauver notre système» par répartition. De son côté, la première ministre, Élisabeth Borne, a exhorté sa majorité à «porter» la réforme, «à la fois en défendant notre projet et en ne laissant pas se propager des contre-vérités», selon des participants au bureau exécutif du parti présidentiel Renaissance.
Discussions laborieuses
Le projet phare du quinquennat est arrivé, lundi, sur la table de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée, première étape d’un complexe parcours parlementaire. Agitées et laborieuses, les discussions ont traîné en longueur jusqu’au vote du premier article, sur la disparition progressive de plusieurs régimes spéciaux de retraite.
«Venez aux piquets de grève» pour évaluer la pénibilité de ces métiers, a invité Danielle Simonnet (La France insoumise), pendant que la majorité présidentielle défendait un principe «d’équité entre régimes». Gauche et Rassemblement national ont pilonné les propos d’Élisabeth Borne, qui avait estimé, dimanche, que le report de l’âge légal de départ à 64 ans n’était «plus négociable». Lundi, la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a répliqué que «le retrait du texte n’est pas négociable». Les manifestations de mardi seront une «motion de censure populaire», a-t-elle ajouté.
Grève très suivie dans les écoles et les transports?
Après la mobilisation du 19 janvier, qui a vu entre un et deux millions de personnes manifester contre la réforme, les syndicats espèrent faire au moins aussi bien ce mardi, confortés par des sondages attestant d’un rejet croissant dans l’opinion. La grève s’annonce très suivie à l’école – 50% de chez les enseignants, de la maternelle au lycée, selon les syndicats – et dans les transports.
Air France va annuler un vol court et moyen-courrier sur dix, mais les liaisons long-courriers ne seront pas affectées. En région parisienne, la circulation des métros et RER sera «très perturbée», selon la RATP. Une source dans les services de renseignement s’attend à 1,2 million de manifestants au niveau national «en fourchette haute, dont 100’000 à Paris, avec 240 cortèges ou rassemblements prévus».
Quatre mille policiers rien qu’à Paris
Onze mille policiers et gendarmes seront mobilisés partout en France mardi, dont 4000 à Paris, pour encadrer les manifestations, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a exprimé le vœu que les protestations se déroulent «dans les mêmes conditions, sans incident grave», que la précédente mobilisation.
Un texte contre les femmes selon la gauche
La gauche étrille un texte «solitaire, injuste et injustifié», voire «antifemmes». En réponse, LFI a présenté, lundi après-midi, son «contre-projet», qui prévoit notamment une retraite à 60 ans avec 40 annuités, et une pension d’au moins 1600 euros pour toutes les carrières complètes. Les députés RN (extrême droite) combattent le report de l’âge, mais réservent leurs forces pour l’hémicycle.
De son côté, la droite, dont les voix sont cruciales pour que le texte soit adopté, fait monter les enchères. Les LR ont des demandes pour les femmes aux carrières hachées, pour ceux ayant commencé à travailler à 20 ans, sur les droits familiaux ou encore un report de l’entrée en vigueur de la réforme.