Chute de Credit SuisseLe PLR s’en prend à Ueli Maurer et veut empêcher une mégabanque
Le président du PLR n’a guère apprécié que l’UDC mette la crise de CS sur son dos et rétorque vertement. En outre, une UBS, avec un total de bilan de 1500 milliards de francs, est trop grande pour la Suisse, estime-t-il.
- par
- Christine Talos
Alors que le Parlement tiendra vraisemblablement après Pâques une session extraordinaire sur le rachat de Credit Suisse par UBS, la tension monte entre les partis. Dimanche soir, à peine la fusion annoncée par le Conseil fédéral, l’UDC annonçait que la crise de Credit Suisse était la conséquence d’une «mauvaise gestion» et du copinage PLR. Une critique qui n’a pas du tout été appréciée par le PLR: interrogé par «20 Minuten», son président, Thierry Burkart, a répliqué, lundi, et accusé à son tour l’UDC de faire du «populisme à bon marché».
Avec ses accusations, «l’UDC fait passer «une fois de plus ses propres intérêts avant les intérêts du pays», a ainsi vertement rétorqué Thierry Burkart. Au vu de la situation, c’est «tout simplement irresponsable», dénonce-t-il. Mais il est clair, selon lui, que les responsabilités doivent être clarifiées afin de déterminer si l’Autorité de surveillance des marchés financiers a fait son travail ou non. «Dans ce contexte, il convient de rappeler que le Département fédéral des finances (DFF) a été dirigé jusqu’à récemment par un ténor de l’UDC», tacle le président du PLR, ciblant directement l’ex-conseiller fédéral Ueli Maurer.
Éviter la création d’une mégabanque
Par ailleurs, empêcher la création d’une mégabanque au niveau national: telle est l’exigence du PLR désormais. Le parti a tenu, lundi, une conférence de presse pour insister sur le fait que la direction de Credit Suisse n’a pas assumé ses responsabilités et a négligé de manière grave la gestion des risques. «Cette situation montre clairement qu’il existe une faille que les responsables n’ont pas identifiée», estime-t-il. Il réclame lui aussi la tenue d’une session extraordinaire du parlement et a présenté ses revendications pour vérifier l’efficacité de la réglementation actuelle.
Il constate d’abord que la Suisse a besoin d’une nouvelle stratégie pour sa place financière. «Une UBS avec un total de bilan de 1,5 billion (ndlr: 1500 milliards) de francs est trop grande pour la Suisse», estime-t-il. Ensuite le PLR estime qu’UBS doit se séparer des activités suisses rentables du CS ou du moins continuer à les gérer de manière indépendante sous une autre forme, cela afin de renforcer la concurrence et de limiter les risques. Le PLR veut aussi que lumière soit faite sur le travail de la FINMA. Le parti demande en outre qu’aucun bonus ne soit versé.
Le PS critique toute la droite
Lundi, dans un communiqué, le PS a, lui, exigé «une clarification complète des responsabilités politiques». «Elle vaut pour Ueli Maurer et la ministre des Finances Karin Keller-Sutter ainsi que pour les partis de droite qui ont empêché toute régulation efficace du secteur bancaire après la dernière crise financière», critique-t-il en citant également l’Autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la BNS.
«Rien n’a changé depuis la crise financière de 2008. Le Conseil fédéral et le parlement doivent en tirer les conséquences. Nous avons besoin de réglementations efficaces pour que les contribuables n’aient plus à payer pour les échecs des directions des grandes banques», a souligné le coprésident du PS Suisse Cédric Wermuth. Pour le coup, le PS a exigé lui aussi la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire et souhaite, tout comme les Verts, une session extraordinaire du parlement ce printemps.