InondationsLe nord de la Chine submergé par les eaux et les déchets
Après les pires pluies ayant frappé Pékin en un siècle et demi, des eaux sales envahissent les rues de la capitale chinoise et le nord du pays. De nombreux habitants sont coincés chez eux.
Ce mercredi, après les pluies d’une ampleur historique qui ont frappé des jours durant Pékin et ses environs, des zones entières du nord de la Chine étaient plongées sous des eaux brunâtres, charriant des tonnes de déchets. Des torrents de ce mélange nauséabond se sont déversés dans un parc de la banlieue pékinoise, tandis que les principales artères, en temps normal animées, des villes de la province du Hebei, au sud-ouest de la capitale, se sont transformées en véritables rivières.
Sur des photographies aériennes prises dans l’une de ces cités, Zhuozhou, on peut voir des devantures de magasins et des toits de voitures dépassant de cette marée boueuse, qui a aussi envahi sur des kilomètres les terres agricoles des environs.
Casque sur la tête, vêtements rouges et bleus, des secouristes apportaient dans des bateaux pneumatiques des nouilles instantanées, du pain et de l’eau potable aux habitants d’une partie de Zhuozhou, désormais coincés chez eux, sans électricité ni liaisons téléphoniques.
Énormes dégâts matériels
Liu, un homme de 34 ans, a raconté à l’AFP comment il s’est retrouvé dans l’impossibilité de sortir pendant deux jours de l’établissement inondé où il est employé. «Nous avons d’abord essayé de contenir l’eau, mais, par la suite, cela a été impossible. Nous n’avons pas pu mettre à l’abri les équipements ou les matériaux de notre usine. Nous avons été piégés à l’intérieur de lundi jusqu’à midi aujourd’hui, avant d’être secourus.»
Il a expliqué que même s’il fallait encore attendre que l’eau se retire avant d’évaluer de façon définitive les dégâts, son employeur avançait déjà un chiffre de près de 20 millions de yuans (près de 2,5 millions de francs) de pertes.
Zhou Libin, 41 ans, a quant à lui dirigé une équipe de secours dans les rues submergées. «Nous avons été la première équipe à arriver à Zhuozhou», a-t-il affirmé. «L’évacuation des gens a commencé à 15h hier, car le débit de l’eau était relativement élevé. Environ 1000 personnes ont été évacuées jusqu’à présent. Celles qui restent sont âgées, elles ne sont pas faciles à transférer et nous coordonnons toujours cela.»
Le Service météorologique de Pékin a annoncé, mercredi, que les pluies qui ont frappé la capitale chinoise ces derniers jours avaient été les plus fortes depuis le début des relevés, il y a 140 ans.
Dans la zone limitrophe entre Pékin et le Hebei, des montagnes d’ordures et de débris flottants adossées à un pont sont visibles, et un policier a déclaré que la situation y avait été «extrêmement dangereuse» la veille.
«Rien vu de tel en plus de 40 ans»
Plus loin, Li, une habitante âgée de 71 ans, regarde avec son mari un parc qu’ils connaissent très bien, mais qui ressemble maintenant à un lac. «Je n’ai jamais rien vu de tel en plus de 40 ans», a-t-elle confié. La région n’avait jamais vu l’eau s’engouffrer de telle manière. «Habituellement, il y a un pont en bois entouré d’herbes d’un mètre de haut mais, maintenant, vous ne pouvez plus rien voir…»
Tout près, un magasin de meubles était cerné par l’eau. Sur certaines sections de la route passant devant, elle s’élevait jusqu’à quatre mètres.