Équateur5 policiers tués par des trafiquants de drogue, état d’urgence régional
Le président équatorien a instauré mardi l’état d’urgence dans deux provinces côtières où une vague de violence due à des gangs de la drogue a fait au moins cinq morts parmi les policiers.
«Je déclare l’état d’urgence dans les provinces de Guayas et d’Esmeraldas, et un couvre-feu à partir de 21 h 00» (02 h 00 GMT), a déclaré le chef de l’État équatorien Guillermo Lasso dans un discours diffusé à la radio et à la télévision. La Constitution permet au président de déclarer l’état d’urgence et faire intervenir l’armée lorsque le pays est confronté à de graves troubles internes.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que les attaques de mardi ont fait «cinq morts parmi les policiers» à Guayaquil, poumon économique du pays et capitale du Guayas (sud-ouest) et la ville voisine de Duran. Auparavant, le ministre de l’Intérieur, Juan Zapata, avait fait état de la mort de deux policiers à Guayaquil, ainsi que de deux autres blessés.
Les deux policiers ont été tués par balles à bord de leur véhicule à Guayaquil et les deux autres ont été blessés dans un attentat contre un commissariat de la même ville mardi à l’aube, en réponse à un transfèrement de 200 prisonniers, avait alors précisé la police.
De son côté, l’administration pénitentiaire avait annoncé que huit gardiens de prison avaient été brièvement pris en otages mardi à Esmeraldas (nord-ouest de l’Équateur).
«Déclaration de guerre»
«Il s’agit d’une réaction du crime organisé», a déclaré à la presse à Quito le ministre de l’Intérieur Juan Zapata en soulignant qu’il y avait eu au total neuf attaques.
«Les huit agents du Corps de sécurité et surveillance pénitentiaire retenus ont été libérés» à Esmeraldas, avait annoncé l’administration pénitentiaire (SNAI) à la presse via WhatsApp, sans fournir davantage de précisions. Dans une vidéo diffusée sur Twitter, deux personnes portant des explosifs autour du corps avaient été présentées comme des gardiens de prison, tandis qu’un détenu dénonçait la «corruption» du système pénitentiaire. «Si vous voulez la guerre, vous aurez la guerre», lançait un homme encagoulé, ajoutant: «nous allons faire exploser ces gardiens».
S’adressant à la nation, le président équatorien a affirmé que «ces actes de sabotage et de terrorisme sont une déclaration de guerre ouverte contre l’État de droit, le gouvernement et contre vous tous, les citoyens». La prise d’otages s’est produite alors que le SNAI organisait le transfèrement de 200 détenus en provenance d’un établissement pénitentiaire de Guayaquil vers d’autres prisons.
Lundi, les corps décapités de deux personnes avaient été retrouvés pendus à un pont à Esmeraldas, selon la police de ce pays frappé par la criminalité liée au narcotrafic. En février, la police équatorienne avait retrouvé deux corps ligotés et suspendus à un pont dans la ville de Duran, une méthode souvent employée par les cartels mexicains. Des attaques à l’explosif ont été commises dans les mois qui ont suivi dans plusieurs régions du pays.
Les narcotrafiquants, dont certains sont liés aux cartels mexicains, mènent une guerre dans les rues et dans les prisons du pays, où des massacres ont fait près de 400 morts depuis février 2021. Situé entre la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs mondiaux de cocaïne, l’Équateur est passé du statut de pays de transit de drogue à celui d’important centre de distribution vers l’Europe et les États-Unis. En 2021, les autorités ont saisi un nombre record de 210 tonnes de drogues, principalement de la cocaïne. Depuis le début de l’année, les saisies totalisent 160 tonnes.
20 décès en raison de la consommation d’alcool frelaté
Des intoxications dues à la consommation de boissons frelatées ont provoqué la mort de 20 personnes en une semaine en Equateur, a indiqué mardi le ministère de la Santé. Outre les vingt morts, onze autres personnes sont en soins intensifs, a précisé le ministre adjoint de la Santé, Francisco Perez, dans un communiqué.