SoudanLe nombre d’enfants victimes de la guerre est «effroyable»
Sept enfants seraient tués ou blessés chaque heure dans le conflit armé qui déchire le Soudan, alerte l’ONU sur la base d’informations locales.
«Ainsi que nous l’avions craint et prévu, la situation au Soudan est devenue fatale à un nombre effroyablement important d’enfants», a déclaré vendredi un porte-parole de l’agence onusienne de l’Unicef, James Elder, devant la presse à Genève. Selon lui, l’agence a reçu des informations d’établissements de santé de Khartoum et de la région du Darfour selon lesquelles 190 enfants auraient été tués et 1700 autres blessés dans les onze premiers jours du conflit, qui a débuté le 15 avril. Ces estimations n’ont pas encore pu être vérifiées de manière indépendante par l’ONU. Ce chiffre ne recenserait toutefois que les enfants ayant été pris en charge dans un de ces établissements, a souligné le porte-parole.
Depuis le 15 avril, plusieurs centaines de personnes ont été tuées, principalement à Khartoum et au Darfour, dans le conflit qui oppose le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, au patron des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo. Les trêves successives entre les deux camps n’ont pas été respectées et les bombardements et échanges de tirs continuaient de secouer la capitale Khartoum vendredi pour le 21e jour consécutif.
860’000 personnes en fuite
Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a, lui aussi, alerté sur la situation en appelant les États à accueillir les Soudanais ayant fui les combats et à ne pas les reconduire de force vers leur pays. «Le HCR appelle tous les pays à assurer aux civils fuyant le Soudan un accès sans réserve à leur territoire», a déclaré sa cheffe Elizabeth Tan, devant la presse.
Le HCR s’attend au départ de 860’000 personnes hors du Soudan vers les pays voisins, qui viendraient s’ajouter aux 113’000 ayant déjà fui les combats. Dans le contexte, la cheffe du HCR appelle tous les pays à «suspendre toute décision négative concernant les demandes d’asile déposées par des Soudanais ou par des apatrides qui vivaient dans le pays». Elle a également exhorté à «suspendre toute reconduite forcée vers le Soudan, y compris de personnes dont les demandes d’asile ont déjà été rejetées».
L’armée dit avoir envoyé des négociateurs en Arabie saoudite pour un cessez-le-feu
L’armée soudanaise a annoncé vendredi soir avoir envoyé des négociateurs à Jeddah en Arabie saoudite pour «discuter des détails de la trêve en cours de renouvellement», alors que ce cessez-le-feu, promis par les militaires et paramilitaires en guerre depuis trois semaines, n’a cessé d’être violé.
Saoudiens et Américains mènent une médiation depuis le début le 15 avril des hostilités qui ont fait des centaines de morts, et l’émissaire de l’ONU au Soudan a récemment indiqué que les deux belligérants avaient accepté de mener «des discussions techniques» sur une trêve respectée. Les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo n’ont jusqu’ici pas annoncé leur position sur ces négociations en Arabie saoudite.
2 millions de personnes de plus risquent de souffrir de malnutrition aiguë, 19 millions au total
Entre 2 et 2,5 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition aiguë au Soudan, portant le total à au moins 19 millions d’ici six mois si le conflit se poursuit, a annoncé un porte-parole de l’ONU vendredi.
Selon le rapport du PAM, début 2023, 16,8 millions de Soudanais – sur quelque 50 millions d’habitants – souffraient d’insécurité alimentaire grave, déjà un million de plus qu’un an plus tôt.