Etats-Unis: L’inculpation de Trump ne le gênera pas forcément pour la présidentielle

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États-UnisL’inculpation de Trump ne le gênera pas forcément pour la présidentielle

L’ex-président, candidat à l’élection de 2024, est «inquiété» dans l’affaire de rétention de documents secrets. Ses rivaux craignent de l’attaquer de front, pour ne pas se mettre à dos ses fans.

Twitter Department of justice

Visé par 37 chefs d’accusation pour son rôle présumé dans la rétention de documents secrets, Donald Trump a plongé les États-Unis dans des eaux inconnues: voir un candidat briguer la Maison-Blanche après inculpation, voire condamnation. Dans sa campagne de reconquête de la présidence, le milliardaire républicain a d’emblée écarté l’idée qu’il pourrait jeter l’éponge face aux inculpations dont il fait l’objet – préférant plutôt en attribuer la faute à des adversaires politiques «corrompus», désireux de fausser les élections.

Une telle tactique «ne va probablement pas faire pencher la balance pour les électeurs indécis, mais galvanisera les partisans de Trump qui pourraient vaciller ou penser à soutenir un candidat avec moins de casseroles», analyse Matt Shoemaker, un expert en sécurité nationale et ancien agent du renseignement.

Tant dans l’affaire des archives de la Maison-Blanche que celle, à New York, de l’achat du silence d’une actrice de films X, les procureurs espèrent que Donald Trump sera jugé avant que les électeurs américains ne se rendent aux urnes, en novembre 2024. Rien n’est moins sûr cependant.

Les concurrents directs de Donald Trump dans la course à l’investiture du Parti républicain – son ancien vice-président Mike Pence et le gouverneur de Floride Ron DeSantis, entre autres – auraient pu profiter de son inculpation, annoncée jeudi, pour le décrire comme inapte aux fonctions de commandant en chef. Mais ils auraient ainsi risqué de se mettre à dos les fervents partisans de l’ex-président, qui rejettent les accusations à son encontre, et se sont donc contentés de crier à l’injustice à ses côtés.

Par conséquent, les rivaux du milliardaire «espèrent que Trump sera éliminé de la course à l’investiture par une série d’inculpations», explique le politologue Larry Sabato, de l’Université de Virginie. Car il fait également l’objet d’une enquête fédérale pour son rôle dans l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021. Et certains médias avancent que l’ex-président pourrait être inculpé, notamment d’extorsion, en Géorgie, pour ses tentatives présumées de renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 dans cet État. «C’est tout. C’est leur stratégie... Ils ne vont rien faire», poursuit Larry Sabato.

Dans l’affaire de la gestion, par Donald Trump, des archives de la Maison-Blanche, l’acte d’inculpation contre lui – rendu public vendredi – comporte 37 chefs d’accusation, dont ceux de «rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale», d'«entrave à la justice» et de «faux témoignage». À New York, il avait été inculpé notamment de fraudes comptables.

Seule la moitié des personnes interrogées, lors d’un récent sondage, estimaient que falsifier des documents comptables pour acheter le silence d’une actrice pornographique à propos d’une supposée liaison constituait une infraction grave. Mais deux tiers des sondés considéraient, en revanche, qu’avoir emporté des documents estampillés secret défense de la Maison-Blanche et entravé les tentatives des autorités de les récupérer représentait bel et bien une telle infraction grave.

Chez les républicains, ils étaient respectivement 28% et 42% à penser de même. Des chiffres non négligeables, qui laissent penser que la campagne de Donald Trump pour la primaire pourrait se trouver à un point d’inflexion.

«DeSantis bénéficierait le plus d’un retrait de Trump»

L’ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, s’est lancé dans la bataille des primaires, cette semaine, en promettant de ne pas épargner Donald Trump. Actuellement deuxième dans les sondages, «Ron DeSantis bénéficierait le plus d’un retrait de Donald Trump, mais il semble considérer qu’ils partagent beaucoup d’électeurs, donc il ne veut pas se les mettre à dos», analyse Shana Gadarian, professeure de sciences politiques à l’Université de Syracuse, dans l’État de New York.

«Il faudra peut-être que quelqu’un comme Christie mette les pieds dans le plat», dit-elle, précisant que l’ancien gouverneur aurait sans doute intérêt à tenter d’attirer les anciens républicains qui s’étaient détournés du parti, en raison de la présidence de Donald Trump.

(AFP)

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