BâleSuicide assisté en Suisse pour un musicien renommé
Le New-Yorkais Anton Fier, 66 ans, a choisi d’en finir car il pensait «avoir fait tout ce qu’il pouvait faire dans sa vie».
- par
- Renaud Michiels
Anton Fier, 66 ans, s’en est allé avec un suicide assisté en Suisse. Musicien new-yorkais renommé dans son milieu, l’Américain ne souffrait pas d’une maladie en phase terminale. Il aurait estimé qu’il avait vécu tout ce qu’il avait à vivre.
Anton Fier n’a manifestement dit à presque personne comment il souhaitait terminer sa vie. Fin septembre, la rumeur de son décès a commencé à circuler. Puis le 1er octobre, le guitariste Nicky Skopelitis, exécuteur testamentaire de sa succession, a reçu l’avis de crémation, daté du 14 septembre, ainsi que les restes du défunt, relate le «New York Times». Ils provenaient de Pegasos, société bâloise active dans le suicide assisté.
Le défunt a laissé une lettre, dont le contenu est révélé par «The Independent». «Je sens que j’ai fait tout ce que je pouvais faire dans cette vie. Je n’ai jamais désiré vivre en vieil homme incapable de faire physiquement ce que j’aime et ce que je devais faire pour gagner ma vie. Mon père est mort à 42 ans et ma mère à 52 ans. Je ne m’attendais ni ne me préparais à vivre aussi longtemps et je n’avais aucun exemple de la façon de le faire correctement», a-t-il écrit.
Avec Mick Jagger ou Herbie Hancock
Lui qui était batteur avait aussi eu des problèmes aux poignets l’empêchant de jouer comme il le souhaitait. Directeur d’Exit International, Philip Nitschke a expliqué qu’Anton Fier n’avait aucune maladie en phase terminale mais souffrait d’arthrite et de maux de dos. Il avait aussi des problèmes financiers.
Anton Fier était une figure éminente de la scène musicale new-yorkaise, surtout dans les années 1980 et 1990. Batteur, il a joué avec des musiciens comme Michael Stipe (REM), John Lydon (Sex Pistols), Mick Jagger ou Herbie Hancock.
Batteur mais aussi compositeur puis producteur, l’Américain avait rejoint le groupe de rock influent The Feelies, puis The Lounge Lizards et a fondé The Golden Palominos dans les années 1980. Il a exploré de nombreux genres musicaux: punk, rock expérimental, jazz ou encore country.
Anton Fier a connu un court mariage dans sa vie, qui n’a duré qu’un an. Il n’avait pas d’enfant ni de famille proche.
Des amis ou anciens collaborateurs ont rendu hommage à un musicien influent, complexe et exigeant. Un homme décrit comme généreux mais au caractère parfois difficile, vivant de plus en plus reclus. Son amie l’auteure-compositrice-interprète Lianne Smith, l’a comparé à une sucette Tootsie Pop. «Anton avait un extérieur dur mais un cœur tendre», a-t-elle témoigné. Et d’ajouter: «Il avait beaucoup de pressions et beaucoup d’anxiété. Mais quand il jouait de la musique, il devenait un être humain accompli.»