Suisse/AllemagneAlbert Rösti noie le poisson sur l’achat d’une forêt par La Poste
Le Conseil fédéral est resté vague concernant le montant «scandaleux» déboursé par La Poste pour acheter une forêt en Allemagne dans le but de réduire ses émissions nettes de CO₂ à zéro d’ici 2040.
- par
- Christine Talos
L’achat par La Poste d’une forêt de 2400 hectares dans l’est de l’Allemagne cet été afin d’être climatiquement neutre d’ici 2040 s’est invité à la traditionnelle heure des questions lundi au Conseil national. Un achat à près de 70 millions de francs, selon son patron Roberto Cirillo dans la presse alémanique, mais jugé «exorbitant» et «scandaleux» par Andreas Glarner (UDC/AG), qui demandait des comptes au Conseil fédéral.
L’élu voulait savoir pourquoi La Poste avait accepté de payer cette forêt «à prix d’or», alors qu’elle ferme des filiales et augmente ses tarifs. Il faut dire que selon le journal allemand Südthüringer Zeitung, les estimations des autres terrains de même taille en Thuringe, montreraient que le prix aurait plutôt dû se trouver autour de 10 à 12 millions d’euros.
Fini l’achat de forêt
Le chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, Albert Rösti, a rappelé que La Poste devait présenter une stratégie d’entreprise durable. Il n’a pas confirmé le prix ni articulé un montant précis versé pour la forêt. Il s’est borné à dire que son prix «correspondait à celui du marché». Et de préciser que ni La Poste ni le Conseil fédéral n’avaient l’intention d’acheter de nouvelles forêts ces prochaines années.
Le géant jaune doit atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2040. Mais malgré ses efforts en Suisse, il reste 10% d’émissions de CO₂ qu’il ne peut pas réduire chez nous, avait-il indiqué en juillet. Raison pour laquelle La Poste s’est décidée à acheter une forêt de 2400 hectares dans l’État de Thuringe au Prince Michael-Benedikt Georg Jobst Karl Alexander Bernhard Claus Frederick Prince de Saxe-Weimar-Eisenach.
«Neutralisation», pas compensation
L’achat de la forêt a suscité cet été une polémique, surtout en Suisse alémanique. Une experte de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage s’était dite sceptique, estimant que la pratique ressemblait à du «greenwashing». La Poste s’était défendue en soulignant que le projet d’achat de forêts ne visait pas à «compenser», mais à «neutraliser» ses émissions, un terme repris par Albert Rösti lundi. Pour faire clair: le CO₂ stocké par les arbres en Allemagne n’est pas pris en compte par la Poste dans son bilan carbone. Seul le CO₂ contenu par le bois récolté et stocké entre dans les calculs.