ProcèsValais: une aide à domicile aurait volé l’or d’une riche famille française
Le Tribunal de Sierre s’apprête à juger une femme pour vol et abus de confiance chez une très riche famille installée à Crans-Montana. Son avocat plaide l’acquittement.
- par
- Eric Felley
Le 18 septembre prochain, le Tribunal de district de Sierre va juger une quadragénaire française pour vols, abus de confiance et faux dans les titres. Les faits se sont déroulés en partie à Crans-Montana, ainsi qu’à Paris. La prévenue avait été engagée en 2015 en tant qu’aide à domicile dans la famille B. d’origine française, résidant depuis longtemps sur le Haut-Plateau. Elle devait s’occuper de la femme la plus âgée, née en 1927, qui est décédée depuis en 2021 à l’âge de 95 ans.
Selon l’acte d’accusation du Ministère public valaisan, l’aide à domicile était déjà très bien payée avec un salaire de 12 390 francs brut pour des périodes de trois semaines. Elle accompagnait Mme B. dans leurs résidences à Paris et Venise. Veuve depuis 2012 d’un riche banquier d’affaires - «issu d’une grande famille de marchands de biens de tradition financière et industrielle» – elle possédait moult bijoux, des sacs de marque Hermès et «un lot de pièces d’or acquises après la guerre par son époux», conservé au domicile parisien.
Disparus les sacs Hermès
Assez rapidement, la fille de Mme B., a constaté la disparition de deux bijoux de prix: une montre-bracelet Repossi en or jaune avec diamant d’une valeur de 47 680 francs, ainsi qu’une bague en or gris avec diamant de la même marque d’une valeur de 32 725 francs. La fille a alors sécurisé le reste des bijoux de famille. En 2017, une employée de la maison a constaté que six sacs Hermès d’une valeur de plus de 25 000 francs avaient disparu. Une plainte pour vol a alors été déposée contre inconnu.
Initiation vaudoue
En avril 2018, la fille de Mme B. a constaté que la collection de pièces d’or de son grand-père avait aussi disparu. L’enquête a établi qu’en juillet 2017, l’aide à domicile avait revendu un lot de pièces d’or, dont un Souverain britannique, à une société numismatique de Genève pour la coquette somme de 116 500 francs. L’enquête diligentée par la justice pénale a démasqué la coupable. Elle a établi que l’argent issu de ses vols lui aurait entre autres «permis de financer une initiation vaudoue à Haïti».
Confrontée à ces faits, l’aide à domicile a tenté de falsifier un document de la banque Crédit agricole, qui aurait attesté que les pièces d’or lui venaient de son grand-père. Enfin elle a acheté en leasing en 2017 une Citroën C3 Picasso, moyennant 47 versements qu’elle n’a pas honorés à une société de financement, qui est aujourd’hui partie plaignante pour abus de confiance. «La prévenue n’a pas non plus restitué le véhicule conformément aux clauses de son contrat, note l’accusation, et a quitté la Suisse pour la France avec ledit véhicule, où ce dernier s’y trouve manifestement encore».
Une autre affaire en France
Nul ne sait vraiment où se trouve aujourd’hui la quadragénaire française. Cette année, on a pu retrouver sa trace dans un article du «Var Matin daté» du 17 mai 2023. Elle a été condamnée par défaut à deux ans de prison pour une tout autre histoire. Avec une seconde femme, elles auraient mis à mort d’une manière particulièrement cruelle le chien d’une connaissance pour des raisons qui demeurent difficiles à expliquer. Sa complice présente au procès en France a été condamnée à deux ans de prison. À cette occasion, elle aurait déclaré avoir été «sous l’emprise d’une femme gourou».
Son avocat demande l’acquittement
En Valais, la question de sa présence au procès se pose. Son avocat Me Bryan-Pitteloud répond: «J’ai bon espoir qu’elle se présente lors de cette séance». Malgré l’acte d’accusation assez corsé, il demeure confiant: «Bien entendu. Par rapport à tous les maux dont on accuse ma mandante, ce sera au Ministère public d’apporter des éléments probants dans un dossier que je qualifierai de sommaire». Il demandera l’acquittement pour les trois chefs d’accusation.
Quant à l’avocate de la famille B., Me Delphine Pannatier Kessler, elle doute que cette personne sera présente le 18 septembre: «Elle n’est déjà pas venue à une première convocation», constate-t-elle. Selon l’avocate valaisanne, la prévenue n’a pas été incarcérée en Suisse, mais condamnée en France dans le cadre d’une autre affaire, où elle a réussi à faire porter son bracelet électronique à une tierce personne et déjouer ainsi sa surveillance. Peut-être que cette fois aussi, elle enverra quelqu’un d’autre en Valais à sa place.