Hockey sur glace: Les gardiens du LHC et de Fribourg pas égaux face au silence

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Hockey sur glaceLes gardiens du LHC et de Fribourg pas égaux face au silence

Afin de rester totalement dans leur bulle, tous les gardiens titulaires des demi-finales refusent les interviews en play-off. Sauf ceux de Lausanne.

Ruben Steiger
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Ruben Steiger
Connor Hughes n’hésite pas à donner des interviews en play-off. Reto Berra reste, lui, concentré sous son casque

Connor Hughes n’hésite pas à donner des interviews en play-off. Reto Berra reste, lui, concentré sous son casque

Estelle Vagne/freshfocus / IMAGO / Mediafab.ch

Bienvenue dans le monde des gardiens. Un monde à part, mystique et entouré d’un flou perpétuel. Déjà en saison régulière, les entraîneurs de National League entretiennent le mystère quant à l’identité du portier qui sera choisi pour disputer telle ou telle rencontre. Même quand leur future décision saute aux yeux. Ce phénomène s'exacerbe en play-off, le moment le plus important du championnat, où chaque prise de parole à ce sujet est méticuleusement soupesée.

C’est simple. En séries éliminatoires, tout est mis en place pour protéger les gardiens. Et ceux-ci utilisent leurs propres stratégies afin de rester dans leur bulle. La plus connue d’entre elles consiste à se murer dans le silence et de ne plus accorder la moindre interview, peu importe la performance réalisée auparavant.

Les exemples de Leonardo Genoni et de Patrick Roy

La pratique se démocratise. Le dernier exemple date de l’acte VII des quarts de finale entre Fribourg-Gottéron et Lugano. Reto Berra devait initialement être mis à disposition de la presse après une qualification homérique dont il a été le grand artisan. «Reto Berra ne viendra pas», a néanmoins communiqué le club peu après la sirène finale. Le Zurichois de 37 ans a décidé de son propre chef de refuser les interactions médiatiques.

Même après sa brillante performance contre Lugano en quarts de finale, Reto Berra s’était muré dans le silence.

Même après sa brillante performance contre Lugano en quarts de finale, Reto Berra s’était muré dans le silence.

Urs Lindt/freshfocus

«Chaque gardien doit faire ce qu’il considère comme judicieux pour lui», estime David Aebischer, l’entraîneur du poste chez les Dragons. En Suisse, le roi du silence s’appelle Leonardo Genoni. Le dernier rempart de Zoug met en place ce stratagème depuis le début de sa carrière. Avec succès puisqu’il est devenu, en 2022, l’homme le plus titré du pays avec 7 sacres de champion. Robert Mayer avait également suivi cette voie, mais pendant toute la saison, avec Genève-Servette en 2022-2023.

De quoi en faire une nouvelle tendance? «Cela existe depuis des années, contredit David Aebischer qui cite en exemple le légendaire Patrick Roy, son ex-coéquipier au Colorado Avalanche. Je faisais la même chose, donc je comprends le choix de Reto Berra et je pense que c’est le bon.»

Le silence est parfois imposé par le club

Parmi les quatre formations engagées dans le dernier carré cette année, Connor Hughes et Kevin Pasche font figure d’exception. Les deux gardiens du Lausanne HC sont les seuls à s’exprimer durant ces play-off. Suivent-ils les traces de leur mentor Cristobal Huet qui fonctionnait ainsi avec une certaine réussite? «Chacun fait comme il l’entend, mais parfois, c’est au staff d’autoriser ou non l’accès à un gardien en fonction de la situation», explique le Français aux 289 parties de NHL.

Leonardo Genoni est le spécialiste du silence en Suisse. Stratégie payante puisqu’il a remporté sept titres de champion avec trois équipes différentes (Davos, Berne et Zoug).

Leonardo Genoni est le spécialiste du silence en Suisse. Stratégie payante puisqu’il a remporté sept titres de champion avec trois équipes différentes (Davos, Berne et Zoug).

Martin Meienberger/freshfocus

En 2017, Davos avait imposé au jeune Gilles Senn, alors âgé de 21 ans, un «silenzio stampa» afin que celui-ci puisse se focaliser entièrement sur son jeu et ses performances. À Lausanne, l’interdiction complète n’a jamais été un sujet, même si des dispositions ont été prises pour protéger Kevin Pasche après ses débuts tonitruants en National League.

«Les demandes étaient nombreuses, on a donc calmé un peu le jeu à un moment donné, se souvient «Cristo». Cela a été fait dans l’intérêt du joueur et de l’équipe.» Il peut en être de même pour Connor Hughes, avant un match capital, sur décision du staff sportif (Geoff Ward et John Fust).

Garder une routine qui a fait ses preuves

Outre ces deux aspects, Kevin Pasche et Connor Hughes ont une liberté totale. Ils peuvent décider par eux-mêmes d’accepter ou de refuser une interview. Ils optent presque toujours pour la première option, même en play-off.

Kevin Pasche fait partie de ces gardiens qui ne changent pas leurs habitudes en play-off.

Kevin Pasche fait partie de ces gardiens qui ne changent pas leurs habitudes en play-off.

IMAGO/dieBildmanufaktur

«Je ne veux pas modifier mes habitudes sous prétexte que ce sont les séries éliminatoires, justifie Connor Hughes. J’ai le sentiment que si je changeais, cela signifierait que quelque chose ne va pas. Là, je montre aux gens que je suis décontracté et c’est comme ça que j’ai eu du succès cette saison. Kevin (ndlr: Pasche) est aussi une personne très détendue.»

Les résultats donnent raison à Connor Hughes qui a réalisé une performance de haut vol samedi (39 arrêts sur 39 tirs) pour offrir au LHC l’avantage dans la série (1-2) avant l’acte IV qui se tiendra lundi (20h) à la Vaudoise aréna.

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