Pédocriminalité en Espagne: Au moins 200’000 enfants auraient été agressés par des religieux

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Pédocriminalité en EspagneAu moins 200’000 enfants auraient été agressés par des religieux

En Espagne, une commission d’enquête s’est penchée sur les agressions sexuelles commises sur des mineurs par des religieux. Le rapport se montre très critique envers l’Église catholique.

C’est en mars 2022 que les députés espagnols ont souhaité créer une commission d’experts chargée de «faire la lumière» sur les «actes personnels exécrables commis contre des enfants sans défense» au sein de l’Église espagnole.

C’est en mars 2022 que les députés espagnols ont souhaité créer une commission d’experts chargée de «faire la lumière» sur les «actes personnels exécrables commis contre des enfants sans défense» au sein de l’Église espagnole.

photo d’illustration AFP

Plus de 200’000 mineurs pourraient avoir été victimes d’agression sexuelle de la part de religieux en Espagne, selon l’estimation, publiée vendredi, d’une commission d’enquête indépendante sur la pédocriminalité dans l’Église catholique.

Le rapport ne fournit pas de chiffre précis, mais contient un sondage effectué à la demande de cette commission auprès de plus de 8000 personnes, selon lequel 0,6% de la population adulte espagnole (près de 39 millions de personnes) a affirmé avoir été agressé sexuellement, alors qu’ils étaient mineurs, par des religieux. En outre, un pourcentage légèrement inférieur d’Espagnols (0,53%) ont indiqué avoir été agressés sexuellement, alors qu’ils étaient mineurs, par des laïcs travaillant dans des institutions religieuses.

Ces estimations sont contenues dans le rapport remis vendredi au Congrès des députés espagnols par le «défenseur du peuple» Ángel Gabilondo, au terme des travaux d’une commission indépendante, la première établie dans ce pays pour évaluer l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église catholique. Le rapport se montre critique par rapport à l’attitude de l’Église catholique, déplorant que sa réaction aux cas de pédocriminalité en son sein ait été «insuffisante».

Parmi les mesures proposées dans le rapport figure la création, par l’État, d’un fonds pour verser des réparations aux victimes. Ángel Gabilondo a précisé que les cas concernaient principalement la période allant «de 1970 à nos jours».

«Faire la lumière sur les actes personnels exécrables»

Contrairement à la France, à l’Allemagne, à l’Irlande ou aux États-Unis, l’Espagne, pays à forte tradition catholique, n’avait encore jamais réalisé une enquête indépendante sur ce fléau. Une situation à laquelle les députés espagnols avaient souhaité remédier en décidant, en mars 2022, de la création d’une commission d’experts, chargée de «faire la lumière» sur les «actes personnels exécrables commis contre des enfants sans défense» au sein de l’Église espagnole.

Ils avaient confié la direction de cette commission au «défenseur du peuple», lui donnant pour objectif de déterminer les «responsabilités» dans les cas de violences sexuelles, d’offrir une «réparation» aux victimes et de prévenir de nouveaux cas.

Pour mener ses travaux, la commission s’est appuyée sur des experts en droit et en assistance aux victimes, ainsi que sur les témoignages des victimes elles-mêmes.

Peu avant même la présentation du rapport, la Conférence épiscopale de l’Église catholique avait annoncé qu’elle tiendrait, lundi prochain, une assemblée plénière extraordinaire, au cours de laquelle les évêques débattront du rapport.

Église sous pression

L’Église, qui a refusé pendant des années toute enquête approfondie, n’a pas voulu participer aux travaux de la commission. Elle a toutefois accepté de lui remettre, en mars, des informations sur les cas de pédocriminalité collectées par les diocèses.

Confrontée à une pression politique croissante et à des accusations d’obstruction, elle avait fait un premier pas en février 2022, en lançant son propre audit externe, confié au cabinet d’avocats Cremades&Calvo Sotelo. Malgré les injonctions de la Conférence épiscopale, qui avait sommé le cabinet d’avocats, il y a quelques semaines, de publier son rapport dans les dix jours, les résultats de cet audit ne devraient être présentés qu’en fin d’année, après la publication d’un résumé en novembre.

«Il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg»

L’Église catholique espagnole, qui affirme pour sa défense avoir mis en place des protocoles de traitement des violences sexuelles, ainsi que des bureaux de «protection de l’enfance» au sein des diocèses, a reconnu, en juin, avoir recueilli le témoignage de 927 victimes. Ce chiffre était toutefois très en deçà des 2206 victimes comptabilisées par le quotidien «El País», qui a créé sa propre base de données en 2018. Les premiers cas remontent à 1927. Le journal madrilène a également recensé 1036 religieux accusés d’agressions sexuelles sur des mineurs. «Selon les experts, il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg», écrivait «El País». Le rapport publié vendredi lui donne raison.

Victime ou témoin d’une agression sexuelle?

(AFP)

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