Grève de la faim à BerneBernard Rappaz: «Il arrivait dans une zone critique»
Guillermo Fernandez arrête sa grève de la faim. Le Parlement va organiser en mai prochain une séance d’informations avec des scientifiques du climat. Pour le chanvrier valaisan, après 40 jours de jeûne, le Fribourgeois se serait mis en danger.
- par
- Eric Felley
Après 39 jours de grève de la faim, Guillermo Fernandez a obtenu ce qu’il voulait à Berne. Le 2 mai prochain, une séance d’informations sera organisée au Palais fédéral avec des scientifiques autour du rapport du GIEC sur les menaces climatiques. Pour le Fribourgeois, qui va arrêter son jeûne, c’est une victoire. Et pour son entourage et les parlementaires à Berne, un soulagement de le voir se réalimenter durant ces prochaines semaines.
«C’est génial! Je voulais aller le voir!» Le chanvrier valaisan Bernard Rappaz est heureux de l’issue de cette grève de la faim. Il suivait l’évolution de l’action menée par Guillermo Fernandez depuis le 1er novembre sur la place Fédérale. Lui-même a fait bon nombre de grèves de la faim durant sa vie: «La première, en prison, a été de 21 jours pour demander à voir un avocat. Ensuite, pour la cause du chanvre, j’en ai fait une de 42 jours, puis 55, 63, 66 et enfin 120 jours lors de la dernière, où je me suis retrouvé aux HUG à Genève».
Perte de vision
«Jeûner longtemps demande de l’entraînement», relève Bernard Rappaz qui a fait son premier jeûne à l’âge de 13 ans. «40 jours, soupire-t-il, cela me paraît un maximum pour une première fois. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Jésus-Christ et Bouddha ont arrêté après cette période».
Qu’est-ce qui peut devenir dangereux pour la santé au-delà de 40 jours? «Tout, jour après jour, le corps s’affaiblit. Dans mon cas, j’ai commencé à perdre la vision. On disait que c’était irréversible. Mais j’ai vu un médecin qui m’a expliqué que j’avais perdu la graisse de la cornée. Si je m’alimentais à nouveau, elle reviendrait. Cela m’a rassuré et c’est ce qui s’est passé».
«Il ne demandait pas la lune»
Concernant le combat du Fribourgeois, le Valaisan adhère: «Il m’avait l’air très déterminé. Il ne demandait pas la lune, il n’exigeait pas de mesures contraignantes, des taxes ou que sais-je, il voulait juste que les parlementaires prennent le temps d’écouter les scientifiques. Cela ne me paraît pas une revendication extrême. Je suis vraiment content pour lui et sa famille de ce dénouement.» Les scientifiques du GIEC avaient d’ailleurs déclaré dans une lettre de soutien qu’ils étaient prêts à venir s’exprimer devant le Parlement, comme le souhaitait Guillermo Fernandez.