PérouLe président Castillo invoque son droit au silence devant la justice
Le président Pedro Castillo fait face à un nombre record de cinq enquêtes du Ministère public, une situation sans précédent au Pérou.
Le président du Pérou, Pedro Castillo, s’est rendu jeudi au-devant du bureau du procureur qui a ouvert plusieurs enquêtes pour corruption présumée où son nom est cité mais a refusé de répondre, exerçant son droit de «garder le silence».
«J’ai dit au procureur que je ne faisais partie d’aucun réseau criminel, je prouverai mon innocence», a déclaré Pedro Castillo aux journalistes après l’audition qui a duré environ une heure. «Je n’ai volé personne, je n’ai tué personne, j’ai été mis ici par le peuple et je répondrai toujours du peuple».
«Son droit constitutionnel»
«C’est ce que j’ai dit aux procureurs», a dit Pedro Castillo qui fait face à un nombre record de cinq enquêtes du Ministère public, une situation sans précédent au Pérou pour un président en exercice. Son avocat, Me Benji Espinoza, a indiqué que le président a fait une déclaration générale aux procureurs mais qu’il a ensuite dit qu’il exerçait son droit à ne pas répondre aux questions.
«Pour le moment, il va exercer son droit constitutionnel de garder le silence», a dit Me Espinoza lors d’une conférence de presse. Pedro Castillo était convoqué dans le cadre d’une affaire de trafic d’influence présumé dans un dossier de promotion militaire.
L’ex-enseignant rural et syndicaliste de 52 ans est également cité dans quatre autres enquêtes, portant sur un présumé trafic d’influence dans l’achat de carburant par l’entreprise publique Petroperu, une présumée obstruction à la justice dans la destitution d’un ministre de l’Intérieur, des allégations de corruption et de collusion aggravée dans un projet de travaux publics, et de plagiat dans sa thèse universitaire.
Immunité présidentielle
Ce changement de stratégie de défense, contrairement à la première convocation de Pedro Castillo devant les procureurs en charge qui avait duré quatre heures le 27 juin, est lié selon la presse péruvienne à la reddition la semaine dernière après 100 jours de cavale de l’ancien Secrétaire à la présidence, Bruno Pacheco, qui aurait «chargé» le président lors de ses premières dépositions.
Protégé par son immunité présidentielle jusqu’à la fin de son mandat en 2026, Pedro Castillo ne peut pas être renvoyé devant un tribunal mais la justice peut mener des enquêtes le concernant. Le Congrès péruvien, où la droite est majoritaire, a par ailleurs refusé jeudi d’autoriser Pedro Castillo à quitter le pays pour assister dimanche à la prise de fonction du président-élu de Colombie, Gustavo Petro.
Selon la législation péruvienne, le président doit avoir l’autorisation du Congrès à chaque fois qu’il veut se rendre à l’étranger.