Amérique du NordBiden et «Amlo» affichent une relation cordiale, malgré les tensions
Joe Biden et son homologue mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador ont voulu lundi afficher une relation cordiale lors d’une rencontre à Mexico, mais les tensions ne sont pas dissipées.
Elles ont affleuré au début d’une réunion bilatérale entre les deux délégations, quand le président mexicain a demandé à son homologue américain d’en finir avec le «dédain envers l’Amérique latine et les Caraïbes».
«Président Biden, vous avez la clé pour ouvrir et améliorer substantiellement les relations entre tous les pays du continent américain», a-t-il dit dans ses remarques préliminaires, en présence de la presse.
Comme piqué au vif, Joe Biden a tenu à souligner que les États-Unis avaient dépensé en quinze ans des «dizaines de milliards de dollars» pour le continent. «Malheureusement notre responsabilité ne s’arrête pas au continent américain. Elle existe aussi en Europe centrale, en Asie, en Afrique (…) J’aimerais que nous n’ayons qu’une priorité. Mais nous en avons plusieurs», a-t-il aussi lancé.
La tonalité un peu acerbe de l’échange contrastait avec les débuts plus chaleureux de la visite du président américain, venu participer à un sommet dit des «trois amis» auquel se joindra le Premier ministre canadien Justin Trudeau, lui aussi arrivé à Mexico lundi.
Joe Biden avait pris la peine d’atterrir dimanche sur un nouvel aéroport cher à son homologue à une cinquantaine de kilomètres au nord de Mexico, et de l’emmener ensuite jusqu’au centre-ville dans sa limousine blindée.
Mardi les deux hommes, souriants, ont échangé une chaleureuse poignée de main lors d’une cérémonie d’accueil lundi au Palais national, siège de la présidence. Ils ont été rejoints par leurs épouses Jill Biden et Beatriz Gutierrez qui ont lu une déclaration au ton presque lyrique sur les valeurs partagées des deux pays.
Puis les deux couples se sont rejoints dans une grande accolade. De quoi laisser penser que la brouille de juin dernier, quand le président mexicain avait boudé un sommet organisé à Los Angeles, s’était estompée. Mais les propos des deux chefs d’État soulignent qu’il existe pour les deux pays nombre de sujets délicats.
30’000 migrants
À commencer par l’immigration. Le président américain s’est rendu dimanche à la frontière avec le Mexique, où les migrants arrivent depuis plusieurs mois en nombre record. Le démocrate de 80 ans sait qu’il aura besoin de la coopération du Mexique, qui s’est engagé à recevoir chaque mois jusqu’à 30’000 migrants illégaux expulsés.
Les deux chefs d’État et leurs délégations consacreront aussi «un temps considérable» à la lutte contre le trafic de fentanyl, avait estimé avant la réunion Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. Ce puissant opiacé de synthèse est responsable de la majorité des morts par overdose aux États-Unis.
La journée de lundi doit se conclure par un dîner, auquel se joindront Justin Trudeau et les épouses des trois dirigeants. Mardi, Joe Biden et le Premier ministre canadien auront une rencontre bilatérale, lors de laquelle sera évoqué en particulier le possible envoi en Haïti d’une force d’intervention internationale.
Puis aura lieu le «sommet des trois amis» en tant que tel, que Joe Biden avait relancé à la Maison-Blanche en 2021, après cinq années de hiatus. À l’issue, les trois dirigeants feront des déclarations à la presse. Les échanges mardi devraient faire la part belle aux sujets économiques concernant ces trois pays, liés par un accord de libre-échange.
Devraient être évoqués en particulier: la volonté du président mexicain d’augmenter la part du secteur public dans la production d’énergie, et la politique décomplexée de Joe Biden en faveur de l’industrie américaine, notamment pour développer les voitures électriques. Les «trois amis» n’ont toutefois pas fait l’impasse sur la situation au Brésil: le premier résultat de leur sommet a été la publication lundi d’un communiqué condamnant les «attaques» de partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro contre des lieux de pouvoir à Brasilia.
Joe Biden a d’ailleurs annoncé en marge de ses réunions à Mexico qu’il recevrait le président brésilien Lula à Washington début février. «Nous devons continuer à soutenir et construire les institutions démocratiques» en Amérique latine, a-t-il dit au président mexicain avant leur réunion bilatérale.