Chaos au Brésil«Des événements sans précédent dans l’histoire du pays»
La police a évacué le Congrès brésilien, la Cour suprême et le palais présidentiel à Brasilia, après l’assaut donné par des centaines de partisans de Bolsonaro. Le président, lui, s’est rendu sur place.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a annoncé qu’il reprendrait le travail dès lundi dans ses bureaux de Brasilia. Ceux-ci ont été pris d’assaut dimanche, en même temps que le Congrès et la Cour suprême, par des centaines de partisans de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro. Après plusieurs heures de chaos, les forces de l’ordre ont repris le contrôle des bâtiments et arrêté plus de 200 personnes.
«Les putschistes qui ont promu la destruction des propriétés publiques à Brasilia sont en train d’être identifiés et seront punis. Demain nous reprenons le travail au palais de Planalto. Démocratie toujours», a tweeté le chef d’Etat. Le nouveau président, qui a inspecté les bâtiments saccagés à son retour à Brasilia tard dimanche soir, a déploré des événements «sans précédent dans l’histoire du Brésil».
Des images télévisées montraient des bolsonaristes descendant en file indienne, les mains derrière le dos, la rampe du palais présidentiel de Planalto, encadrés de policiers. Sur d’autres images, on peut voir un bus rempli de manifestants interpellés partir en direction d’un poste de police. Les forces de l’ordre semblaient reprendre progressivement le contrôle de la situation en début de soirée, des canons à eau maintenant les manifestants à distance.
Le gouverneur du district fédéral de Brasilia, Ibaneis Rocha, allié de Jair Bolsonaro, a présenté ses excuses au président Lula dans une vidéo. Il a qualifié les responsables des déprédations des bâtiments publics de «vrais vandales» et de «vrais terroristes». D’autres alliés du président sortant se sont également désolidarisés de ces violences, dont Valdemar Costa Neto, président du PL, le parti de Bolsonaro. Il a regretté «un jour triste pour la nation brésilienne»
Ces saccages ont provoqué une avalanche de réactions outrées dans le monde. Le président français Emmanuel Macron a dit à Lula qu’il pouvait «compter sur le soutien indéfectible de la France». Son homologue américain Joe Biden a jugé «scandaleuses» les violences des manifestants.
Dégâts considérables
Le centre du pouvoir à Brasilia a été plongé dans le chaos. La zone avait été pourtant bouclée par les autorités mais les bolsonaristes sont parvenus à rompre les cordons de sécurité. Les policiers ont tenté, en vain, de les repousser avec du gaz lacrymogène. Un agent de la police montée a été désarçonné puis frappé à terre par des assaillants armés de bâtons. Un syndicat de presse local a fait état de l’agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l’AFP a été frappé et s’est fait voler tout son matériel.
Sur les réseaux sociaux, ont circulé des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés. Un manifestant s’est assis sur le siège du président du Sénat, un mimétisme saisissant avec les manifestants pro-Trump au Congrès américain il y a deux ans.
Les dégâts sont considérables, dans ces bâtiments qui sont des trésors de l’architecture moderne et regorgent d’œuvres d’art. Des tableaux d’une valeur inestimable ont été endommagés, dont «Les mulâtres», du peintre moderniste Di Cavalcanti, exposé au Palais présidentiel et percé de plusieurs trous.
Selon CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d’un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l’incendie.