Collision mortelle de Millas (F)La conductrice du car nie avoir forcé la barrière du passage à niveau
«Tout était levé, tout était éteint»: au début de son procès, la conductrice du car scolaire percuté par un train à Millas (F), en 2017 – six enfants morts –, s’est défendue de toute imprudence.
Le 14 décembre 2017, à Millas, dans le département français des Pyrénées-Orientales, six collégiens qui rentraient chez eux à bord d’un car ont trouvé la mort quand le véhicule a été percuté par un train à un passage à niveau et 17 ont été blessés, dont huit très grièvement. Au début du procès, ce lundi, à Marseille, la seule prévenue, la conductrice du car scolaire, est restée la majeure partie du temps prostrée, tête baissée, une boîte de mouchoirs à sa disposition.
«Je revois bien la scène, tout était levé, tout était éteint, il n’y avait pas de signal sonore, j’ai engagé le bus», a décrit la prévenue, tailleur noir et lunettes de vue relevées sur sa chevelure auburn, fondant en larmes alors que la présidente l’interrogeait sur les circonstances du franchissement du passage à niveau.
«Après je reprends de la vitesse, je me réveille par terre, avec plein de cris. Il y avait un enfant sur ma droite, par terre», a-t-elle ajouté. Se décrivant comme une conductrice «prudente et consciencieuse», qui étudiait ses parcours en amont, elle empruntait ce trajet six fois par jour depuis septembre 2017, mais sans jamais avoir été confrontée au passage d’un train.
Une fois engagée sur le passage à niveau, «vous souvenez-vous d’avoir vu le train, qui était rouge, arriver?» lui demande encore la présidente du tribunal, Céline Ballerini. «Non», répond la prévenue, qui encourt cinq ans de prison et 75’000 euros d’amende.
Le plus important? «Qu’elle nous demande pardon»
Sur les bancs de la grande salle du tribunal de Marseille, qui dispose d’un pôle spécialisé sur les accidents collectifs, des dizaines de parents et proches d’enfants morts ou blessés dans la collision ont pris place, en quête de réponses. «C’est primordial, important et vital pour nous et pour tout le monde» d’être présents, a témoigné, avant l’audience, le père d’une adolescente décédée dans l’accident.
«Nous devons affronter le regard de la conductrice, qu’elle se justifie sur ce qui s’est passé ou pas afin de connaître la vérité», a-t-il ajouté, précisant que le plus important était «qu’elle nous demande pardon et qu’elle s’excuse». «Qu’elle soit condamnée ou non, ce n’est pas le problème», a poursuivi le père.
Au cœur des débats, la question de savoir si la conductrice a forcé ou pas la barrière du passage à niveau en ramenant vers la commune de Saint-Feliù-d’Avall un groupe de 23 adolescents. Le car «faisait sa manœuvre et il ne s’est pas arrêté. La barrière, elle a été poussée tranquillement, comme si on la poussait à la main», a témoigné le passager d’un véhicule qui était arrêté de l’autre côté du passage à niveau, dont les barrières étaient bien baissées.
Jugement avant Noël
Les expertises techniques menées durant l’instruction concluent que la conductrice, qui avait l’habitude de ce trajet, a forcé «la demi-barrière fermée dudit passage à niveau alors qu’un train express régional arrivait». Pour les enquêteurs, «l’hypothèse la plus probable, sur le plan technique», est bien «celle d’un passage à niveau fermé au moment de l’accident», même si les témoignages attestant de l’inverse, dont ceux de certains enfants, «sont majoritaires».
Le procès a lieu jusqu’au 7 octobre, et le jugement devrait être rendu avant Noël.