Suisse/UkraineMagdalena Martullo-Blocher interdit le mot «guerre» à ses employés
Dans l’entreprise Ems-Chemie, on parlera désormais de «conflit ukrainien». Et ce pour protéger les collaborateurs travaillant en Russie.
- par
- J.Z
En Russie, l’utilisation du mot «guerre» pour qualifier la situation en Ukraine est passible d’emprisonnement. Depuis le début de l’invasion, le Kremlin martèle à tout bout de champ qu’il s’agit là d’une «opération militaire spéciale». Les opposants à ladite manœuvre font l’objet de maintes intimidations et les médias qui parlent ouvertement de «guerre» sont censurés et fermés.
En Suisse, le terme sera également banni au sein de l’entreprise Ems-Chemie. Dans une communication interne datant du 14 mars et relayée par plusieurs journaux alémaniques, la patronne du groupe de chimie et conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher indique que parmi les employés, «on parlera désormais et jusqu’à nouvel ordre de «conflit ukrainien». Le mot «guerre ne doit pas être utilisé».
«Poursuivie politiquement»
Pour expliquer cette mesure, la fille de Christoph Blocher explique dans son message qu’il s’agit de garantir une communication uniforme au sein du groupe, mais aussi de protéger les membres travaillant en Russie. «À notre connaissance, les personnes qui parlent de «guerre» peuvent être poursuivies politiquement en Russie. Nous en avons informé nos collaborateurs», détaille le secrétaire général de l’entreprise grisonne au journal «Südostschweiz».
Production «effondrée»
Le journal «WOZ» rappelle pour sa part qu’Ems-Chemie est implantée en Russie depuis plus de 20 ans. Elle y a notamment ouvert deux sites en 1999 qui fournissent des matériaux à l’industrie automobile et emploient une soixantaine de personnes. Mais les deux usines sont actuellement à l’arrêt et la production s’est «complètement effondrée».
«WOZ» souligne toutefois que cette chute n’est que peu problématique pour le groupe de chimie puisque la production de ces deux sites ne représente pas plus de 1% de son chiffre d’affaires.