MalaisieLe quatrième Premier ministre en quatre ans est un réformiste
À 75 ans, Anwar Ibrahim a été chargé de former un nouveau gouvernement par le roi de Malaisie. Depuis 2018, le pays vit dans l’incertitude, notamment à cause du scandale du fonds souverain 1MDB.
Le dirigeant réformiste, Anwar Ibrahim, a été nommé Premier ministre de Malaisie, a annoncé, jeudi, le Palais royal, mettant fin à une longue incertitude après les législatives de samedi, qui n’avaient donné la majorité à aucun parti. Anwar Ibrahim, qui était jusqu’à présent le principal chef de l’opposition, est nommé «dixième Premier ministre de Malaisie», a fait savoir le Palais royal. Il devrait prêter serment ce jeudi, à 17h (10h en Suisse).
Anwar Ibrahim réalise ainsi, à 75 ans, son rêve de devenir Premier ministre, qu’il caresse depuis un quart de siècle et qui couronne une carrière politique mouvementée. Pakatan Harapan (Alliance de l’espoir), sa coalition réformiste multiethnique, a obtenu le meilleur résultat aux élections législatives de samedi, avec 82 sièges. Mais elle reste loin de la majorité absolue, dans un Parlement de 222 sièges.
Le roi voulait un gouvernement d’unité
Le roi de Malaisie, le sultan Abdullah Ahmad Shah, avait convoqué au palais, mercredi, Anwar Ibrahim et l’ancien Premier ministre Muhyiddin Yassin, dont la formation Perikatan Nasional (Alliance nationale) est arrivée deuxième aux élections, avec 73 sièges. Selon le second, le souverain avait demandé aux deux hommes de former un «gouvernement d’unité». Perikatan Nasional est soutenu par le Parti islamique pan-malaisien (PAS), qui prône une application stricte de la charia.
Anwar Ibrahim avait aussi entamé, lundi, des tractations avec la formation jusqu’à présent au pouvoir, Barisan Nasional. Menée par l’Organisation nationale unifiée malaise (Umno), cette formation est arrivée loin derrière, avec 30 sièges, son pire résultat électoral depuis l’indépendance du pays, en 1957. Le roi de Malaisie a le pouvoir discrétionnaire de nommer un Premier ministre dont il pense qu’il a le soutien de la majorité des députés.
La Malaisie, majoritairement musulmane, mais qui comprend également d’importantes minorités chinoise et indienne, est une monarchie constitutionnelle dotée d’un système unique de rotation du trône, tous les cinq ans, entre les souverains des neuf États malaisiens.
L’ex-Premier ministre impliqué dans un détournement de fonds
Depuis quatre ans, le pays est secoué par des turbulences politiques et une valse des gouvernements, qui ont conduit trois Premiers ministres à se succéder. Après plus de soixante ans aux commandes, l’Umno a été lourdement sanctionnée dans les urnes et évincée du pouvoir en 2018, marquant la première alternance de l’histoire du pays.
Le Premier ministre de l’époque, Najib Razak, impliqué dans le détournement de plusieurs milliards de dollars du fonds souverain 1MDB, purge actuellement une peine de douze ans de prison. L’Umno était revenue aux affaires avec une faible majorité, en 2021. C’est dans l’espoir de renforcer son emprise sur le pouvoir que le Premier ministre Ismail Sabri Yaakob a dissous le Parlement et convoqué des élections anticipées, initialement prévues en septembre 2023. Mais l’Unmo pâtit toujours de son association avec la vaste affaire de corruption 1MDB, un fonds qui devait contribuer au développement du pays.