Chute du Credit SuisseVu de l’étranger: «Le point final d’une longue descente aux enfers»
Pour la presse internationale, les autorités suisses n’avaient pas vraiment le choix que de soutenir la fusion d’UBS et du Credit Suisse. Mais la réputation de la place financière suisse en prend un coup.
Le sauvetage de Credit Suisse par UBS a été commenté par les médias internationaux, en particulier allemands et anglo-saxons. Et la plupart partagent l’opinion du «Spiegel» allemand, à savoir qu’il s’agit du «point final d’une longue descente aux enfers – et peut-être le prélude à une crise encore plus grande».
Le «Spiegel» souligne que le rachat s’est fait pour le prix d’un pourboire et avec «une aide à l’euthanasie» de la Confédération, sans laquelle UBS n’aurait jamais accepté cette fusion. «Car ce qui l’attend sur le plan juridique, réglementaire et financier au-delà du prix d’achat ridicule de trois milliards de francs pour plus de 40 milliards de francs de fonds propres du Credit Suisse est incertain.»
Des icônes de l’économie suisse anéanties
La fin de Credit Suisse est aussi comparée en Allemagne à celle de Swissair ou au sauvetage d’UBS en 2008. «À chaque fois, des icônes de l’économie suisse sont anéanties. Cela touche à l’image que la Suisse se fait d’elle-même en tant que nation économique puissante malgré sa petite taille», analyse la «Süddeutsche Zeitung».
Du côté du «Wall Street Journal», on souligne qu’UBS n’a jamais voulu de ce «mariage forcé» en raison de la «longue liste de scandales et de problèmes» qui pesaient sur le Credit Suisse. Et «tant pis pour les treize années de réglementation bancaire» mises en place après la crise de 2008. «Nous avons assisté dimanche au sauvetage dans la panique d’une banque trop grande pour faire faillite, une faillite que les nouvelles règles étaient censées empêcher» selon le journal américain.
La réputation qui en prend un coup
Aux Royaume-Uni, le très influent «Financial Times» estime que les autorités suisses n’avaient pas vraiment le choix. «En fin de compte, ce sont les propres clients du Credit Suisse qui ont décidé de leur sort, pas les investisseurs», écrit-il. Et de rappeler les milliards de fonds propres qui ont été retirés la semaine dernière. «Peut-être que les autorités helvétiques seront critiquées pour avoir prétendument fait trop peu pour ouvrir les enchères aux offres non suisses. Mais peut-on vraiment leur en vouloir?» s’interroge-t-il? «Même en tenant compte du fait qu’UBS est susceptible de vendre certains actifs, cette transaction sera à très forte valeur ajoutée pour les actionnaires d’UBS», estime-t-il.
En Grande-Bretagne, la BBC voit dans ce rachat «le dommage le plus coûteux dans l’atteinte à la réputation de la Suisse en tant que lieu d’investissement sûr». Le journal «The Economist» s’inquiète lui pour l’avenir en cas de souci avec la future UBS XXL. Car une fusion ne sera plus envisageable, estime-t-il. «La nouvelle institution sera tout simplement trop grande pour une telle opération.»
Seule fierté: Federer
Le mot de la fin revient au «Spiegel» qui convoque l’icône Roger Federer – qui avait accepté d’être l’égérie publicitaire de Credit Suisse. «Après le grounding de Swissair en 2001, l’aide de l’État à UBS en 2008 et maintenant le désastre Credit Suisse, il est peut-être le dernier Suisse que les citoyens helvétiques peuvent encore regarder avec fierté.»