Basketball: Entre Karnik et les Lions, le divorce est inéluctable

En Suisse, impossible d’espérer rivaliser avec Olympic sans un joueur dominant au poste bas. En le ramenant au bout du lac à la fin de l’été, les Lions de Genève nourrissaient de grands espoirs en James Karnik, l’homme qui «devait dominer le championnat dans la peinture». Bien qu’il soit arrivé avec une tendinite au genou, le Canadien avait livré un match d’ouverture très prometteur contre Neuchâtel (20 points). Avec des soins et du temps, tout le monde espérait que les choses rentrent dans l’ordre. Il n’en est rien. La douleur reste trop vive et Karnik a raté plusieurs matches et déclenché l’arrivée, pour un mois, du pigiste médical James Padgett.

Pour son retour samedi, après la trêve internationale, l’ex-joueur de Boston College a été transparent (aucun point en quatorze minutes) lors de la défaite à Fribourg (86-81), privé de Jonathan Kazadi (malade). Avant le début de la saison, l’entraîneur genevois Alain Attallah expliquait que son équipe était bâtie pour que son pivot étranger titulaire joue trente minutes au minimum. À part contre Union, ça n’a jamais été le cas. Voilà trois mois que le problème dure au Pommier. Puisqu’il n’est toujours pas réglé, le divorce est inévitable.

Un poème. Ainsi faut-il qualifier la première mi-temps de Bryan Colon face à Fribourg Olympic (21 points au moment de rallier les vestiaires). Le capitaine des Lions a utilisé toute sa palette offensive, a pris de vitesse et provoqué les fautes de Davonta Jordan et Yuri Solca, a découpé les écrans fribourgeois et trouvé de l’adresse de loin. Et puis? Plus rien, ou presque (3 points ensuite). On pourrait être tenté de croire que c’est seulement parce que le coach fribourgeois Petar Aleksic a trouvé la parade et ajusté sa défense. Mais en regardant bien ce troisième quart-temps, on voit bien que Bryan Colon s’efface d’abord, pour laisser le ballon à un Jeremiah Paige rouillé après un mois d’arrêt, puis se montre maladroit.

Comment l’expliquer? Il faut remonter à la fin de la première mi-temps pour trouver une partie de la réponse, moment où Colon a fait un malaise sur le parquet. «Il était malade le matin et a dormi tout du long dans le bus avant la rencontre», souffle une voix du club.

C’est la séquence qui a tourné en boucle et fait le buzz dimanche soir: on y voit Massagno, mené de deux points par Monthey dans les dernières secondes. Jusqu’à ce tir lointain monstrueux converti, en déséquilibre et face à la belle défense de Markel Humphrey, par Dusan Mladjan, l’éternel, comme on le rappelait il y a peu.

Est-ce que les Sangliers ont perdu la rencontre là-dessus? Non. Ils l’ont perdue juste avant, quand et alors que l’entraîneur Patrick Pembele avait aligné ensemble le trio Vranic-Langford-Humphrey, les Valaisans ont été incapables de verrouiller le rebond sur des lancers francs tessinois à plusieurs reprises. Et ils ont été punis, 75-76 score final. Pour Monthey, qui a enregistré le retour de son leader Lottie (26 points) – et par conséquent vu Chandler retrouver son rôle de lieutenant –, c’est une quatrième défaite consécutive. Landenbergue, Eberle et Fritschi sont toujours absents, mais il serait bon pour le moral de réagir à Neuchâtel mercredi.

On attendra quelques rencontres pour juger des apports des nouveaux joueurs du BBC Nyon. Peu utilisés ce week-end à Lugano (défaite 85-79), avec respectivement onze et huit minutes, Eric Fongué et Joshua Norbal n’ont pas été d’une grande aide au groupe. Comme souvent depuis quelque temps, Davonte Brooks a excellé avec 24 points à un haut pourcentage au tir (10/16). Comme souvent aussi, Colin Dougherty a mis ses points mais pas derrière l’arc où, avec 28% de réussite en six matches, il reste très en deçà des espérances. Avec déjà plus de 100 tirs pris cette saison, l’arrière américain génère beaucoup de jeu. En comparaison, Jérémy Jaunin a shooté deux fois moins (52).

Faut-il réorienter un peu l’attaque autour de l’axe Jaunin-Brooks et moins la centrer autour de Dougherty? Ça peut être une piste de réflexion pour Stefan Ivanovic. Et puis quid de Maleye N’Doye? Avec vingt-deux minutes et 6 points de moyenne, le vétéran sénégalais de 42 ans apporte-t-il vraiment ce qu’on est en droit d’attendre d’un troisième joueur étranger? Il est permis d’en douter.

On va commencer par s’excuser auprès des lecteurs boncourtois et neuchâtelois. Mais comme les «caméras n’ont pas fonctionné dans le Chaudron à cause d’un problème technique», selon Swiss Basket, on n’a rien vu du derby de l’arc jurassien. Dans ces conditions, il nous faut donc interpréter les chiffres. Dominateurs lors des trois premiers quarts qu’ils ont bouclés avec 18 points d’avance, les Neuchâtelois ont tenu (82-73) et confirmé leur victoire contre Massagno avant la trêve. Le cinq de base de Mitar Trivunovic a été très performant, avec cinq joueurs à plus de 11 unités, dont Nate West, auteur de 24 points sous les yeux de sa mère, qui était venue spécialement des Etats-Unis (Arc Info). Avec cette seconde victoire de rang, les pensionnaires de la Riveraine sont à la bataille pour les places 7 et 8, synonymes de quarts de finale de la SBL Cup le 21 décembre.

Toujours dans cette optique, le Nyon (10^e) – Boncourt (7^e) de mercredi vaudra très cher. Mais les Boncourtois devront faire sans leur guide et capitaine Josh Brown, touché après douze minutes contre Union. Le meneur américain s’est disloqué le poignet et a été opéré dimanche soir. Il sera absent au moins de deux mois. Une vraie tuile pour les dirigeants, qui n’ont pas vraiment d’autre choix que de lui trouver un remplaçant.