ConsommationLes Suisses paieraient 100 millions de trop pour les produits bios
Les produits biologiques coûtent beaucoup plus cher que les produits conventionnels, et ce souvent de façon injustifiée, selon une nouvelle étude.
Le bio coûte cher. Mais ce n’est pas parce que les agriculteurs reçoivent beaucoup plus d’argent en compensation de leurs efforts. Au contraire: si Coop et Migros versent effectivement aux producteurs un supplément pour l’agriculture biologique, ça ne suffit pas à couvrir leurs frais de production. C’est la conclusion d’une étude réalisée par Mathias Binswanger, professeur d’économie à la Haute École spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse, dont les résultats sont publiés dans la «SonntagsZeitung». Cette étude montre pour la première fois que Coop et Migros fixent, souvent sans justification, des prix nettement plus élevés sur les produits bios que sur les produits conventionnels et à quel point les agriculteurs reçoivent peu pour leurs produits.
Mathias Binswanger et son équipe ont remarqué des majorations élevées, notamment sur les pommes de terre, les œufs, la viande et les carottes. Selon les estimations des chercheurs, les Suisses ont payé l’année dernière plus de 100 millions de francs de trop pour des produits biologiques. «Si le bio n’est pas économiquement viable pour les agriculteurs, c’est grave. Les ventes de produits biologiques stagnent, ce qui met en péril l’évolution de l’agriculture vers une plus grande protection de l’environnement», estime Mathias Binswanger.
Les géants de la distribution se défendent
Migros et Coop défendent de leur côté leur politique de prix. Les deux grands distributeurs rétorquent qu’ils ne réalisent pas de marges plus élevées avec les produits bios qu’avec les produits conventionnels. «Si cette théorie était exacte, les produits vendus dans les magasins à la ferme ou sur les marchés hebdomadaires seraient nettement moins chers, ce qui n’est manifestement pas le cas», affirme Patrick Stöpper, porte-parole de Migros.
Coop et Migros expliquent que les coûts pour les produits biologiques sont nettement plus élevés, et pas seulement pour la certification. Les matières premières doivent souvent être transportées et traitées séparément des matières premières conventionnelles. La détérioration est plus importante, accentuée par le fait d’éviter les emballages en plastique. Et les produits bios sont souvent des offres de niche, ce qui signifie qu’ils présentent des avantages moindres en termes de coûts.
Monsieur Prix critique, mais il est impuissant
La problématique des prix des produits bios jugés trop élevés n’est pas nouvelle. Au début de l’année, le surveillant des prix avait publié un rapport préliminaire sur le sujet, dans lequel il se montrait critique face à la politique de prix pratiquée par les distributeurs, qu’il soupçonnait de prélever des marges excessives. Son rapport n’avait pas plu à Migros, qui avait tout fait pour empêcher la publication de son rapport final.