Jura – Crapauds écrasés malgré un crapauduc

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JuraCrapauds écrasés malgré un crapauduc

Le passage d’une route cantonale est assuré pour la migration des batraciens, mais pas celui d’un chemin en béton utilisé par… des observateurs d’oiseaux!

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Les marais de Damphreux constituent la destination printanière des crapauds, entre autres batraciens.

Les marais de Damphreux constituent la destination printanière des crapauds, entre autres batraciens.

lematin.ch/Vincent Donzé

Le projet de crapauduc était un serpent de mer à Damphreux (JU), jusqu’à l’octroi d’un crédit de 880 000 francs par 48 députés jurassiens contre 9. Le passage des batraciens en toute sécurité a pu être garanti le printemps dernier dans une région marécageuse: huit tunnels facilitent désormais cette migration.

Cette réalisation concerne 5000 à 6000 batraciens qui traversent la route cantonale en quittant la forêt pour rejoindre l’un des six marais de Damphreux, au cœur d’une réserve naturelle d’importance nationale. Après la ponte, ils sont cinq à dix fois plus nombreux sur le chemin du retour. Mais un chemin agricole pose problème.

Le crapauduc permet aux batraciens de traverser la route entre Damphreux et Cœuve.

Le crapauduc permet aux batraciens de traverser la route entre Damphreux et Cœuve.

lematin.ch/Vincent Donzé

Grâce aux nouveaux crapauducs, plus besoin de poser des barrières temporaires et de transporter aux étangs les batraciens tombés dans des seaux: «Les animaux traversent dans des tunnels sécurisés installés sous la route cantonale», constate la Fondation des marais de Damphreux. Avec ce bémol: «Ils doivent encore franchir un chemin béton dédié principalement à l’exploitation agricole».

Plus proche des étangs des Coeudres, destiné initialement à l’élevage des carpes, ce chemin en béton construit lors des améliorations foncières traverse la voie de migration. «Ce chemin est aussi utilisé par les observateurs d’oiseaux et les personnes qui fréquentent la cabane forestière des Côtaies», observe la fondation dans un communiqué.

La Fondation des marais de Damphreux ne voit pas de problème entre d’un côté les batraciens et de l’autre, les piétons, les cyclistes ou les automobilistes en journée. «Malheureusement, lors des nuits pluvieuses, de fin février à début mai, lorsque les automobilistes circulent de nuit sur ce chemin béton, de nombreux amphibiens sont écrasés», indique-t-elle.

Un crapaud écrasé le 19 mars sur le chemin en béton, après une petite pluie nocturne forestière.

Un crapaud écrasé le 19 mars sur le chemin en béton, après une petite pluie nocturne forestière.

Fondation des marais de Damphreux

Dès maintenant et pour les trois prochains mois, la Fondation des marais de Damphreux demande aux usagers motorisés «d’absolument» éviter de circuler de nuit sur ce tronçon de chemin béton. «Rappelons qu’il ne s’agit pas d’une route cantonale et que les automobilistes peuvent rejoindre tous les villages ajoulots par les chaussées prévues à cet effet», précise la fondation.

Du côté des batraciens, leur instinct ne peut pas être contrarié: «Beaucoup passent l’hiver en forêt car ils hibernent. À la fin de l’hiver et au début du printemps, les soirées pluvieuses et relativement tempérées réveillent ces animaux et les stimulent à rejoindre les plans d’eau pour se reproduire», indique la fondation.

Une route équipée d’un crapauduc (en vert) et un chemin bétonné (en rouge) traversent la voie de migration, vers les marais (en bleu).

Une route équipée d’un crapauduc (en vert) et un chemin bétonné (en rouge) traversent la voie de migration, vers les marais (en bleu).

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C’est pour échapper aux prédateurs diurnes comme les cigognes et les hérons que les Amphibiens migrent la nuit. «Février, mars et avril sont les mois où la migration prénuptiale des batraciens est la plus importante», est-il précisé. C’est à cette période que les grenouilles rousses et les crapauds communs sont les plus nombreux.

«Lorsqu’une route coupe leur voie de déplacement, beaucoup se font écraser par le trafic automobile», martèlent les observateurs. Au printemps, les dommages sont d’autant plus grands que les femelles reproductrices portent souvent des milliers d’ovocytes.

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