Football - Plus de deux milliards pour redonner des couleurs au foot espagnol

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FootballPlus de deux milliards pour redonner des couleurs au foot espagnol

Grâce à un accord signé entre le fonds d’investissement CVC Partners et la Liga, les clubs pourraient bénéficier d’un très important soutien financier. Mais pas suffisant pour que le Barça puisse conserver Messi.

André Boschetti
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André Boschetti
Les quelque 261 millions que recevrait le FC Barcelone grâce à l’accord entre LaLiga et CVC Partners ne suffiraient pas pour assurer la prolongation du contrat de Lionel Messi.

Les quelque 261 millions que recevrait le FC Barcelone grâce à l’accord entre LaLiga et CVC Partners ne suffiraient pas pour assurer la prolongation du contrat de Lionel Messi.

AFP

Ca devait être le dernier épisode du feuilleton de l’été qui se tient à Barcelone. Avec l’heureux épilogue que tous les socios du FC Barcelone étaient désormais convaincus de célébrer avec enthousiasme. Dans le cadre du traditionnel Trophée Gamper, qui verra ce dimanche le Barça se mesurer à la Juventus au Camp Nou, Joan Laporta, le nouveau président du club catalan, aurait dû annoncer en grande pompe la prolongation tant attendue du contrat de Lionel Messi, selon le quotidien sportif Mundo Deportivo de mardi dernier.

Une issue positive que les Catalans ont crue possible grâce à l’annonce, le lendemain, de l’accord paraphé entre LaLiga et le fonds d’investissement britannique CVC Capital Partners. Si les clubs espagnols acceptent ce deal négocié par Javier Tebas, le président de la Liga, ils verront des millions tomber dans leurs caisses vides.

En résumé, cet accord prévoit que ce fonds d’investissement acquière 10% du capital de la Liga espagnole pour 2,7 milliards d’euros. Une montagne d’argent qui irait directement renflouer les comptes des clubs masculins de première et deuxième divisions, de la première division féminine, du football semi et non professionnel et du Conseil supérieur des sports.

Elle contribuera certainement à assainir leurs énormes soucis de trésorerie, aggravés par la pandémie, mais pas suffisamment pour permettre, par exemple, au Barça d’officialiser l’accord que son président, Joan Laporta, avait trouvé avec Lionel Messi pour que l’Argentin termine sa formidable carrière dans «son» club. Les quelque 261 millions d’euros qui entreraient dans les caisses catalanes ne suffiraient en effet de loin pas à remettre leurs compteurs à zéro puisque la dette du club dépasse aujourd’hui allègrement le milliard d’euros. Avec, comme conséquence première, l’impératif de réduire immédiatement, et de façon drastique, sa masse salariale.

Mais que prévoit ce «partenariat» négocié entre le président de La Liga et CVC Partners? Marc Ciria, un expert financier, explique que «90% de ces 2,7 milliards reviendront aux clubs sous forme d’un prêt bonifié sur 40 ans». Ce qui signifie donc que ces derniers devront le restituer, mais sur le long terme.

«70% de cette somme devra être utilisée pour faire face aux investissements dans les infrastructures, 15% pour refinancer la dette et 15% pour allonger le plafond salarial»

Marc Ciria, expert financier spécialisé dans le foot business

Le spécialiste du foot business détaille ensuite pour Goal la façon dont sera réparti cet argent. «70% de cette somme devra être utilisée pour faire face aux investissements dans les infrastructures, 15% pour refinancer la dette et 15% pour allonger le plafond salarial.»

Quant aux critères de répartition, ils seraient basés sur la distribution actuelle des droits TV. Les plus grands «gagnants» seraient donc le FC Barcelone et le Real Madrid, les deux clubs les plus populaires et attractifs du pays, qui recevraient, a priori, respectivement 261 et 270 millions d’euros chacun. Dont 42 millions, pour les Catalans, seraient ainsi destinés à augmenter la limite salariale. Un montant pourtant largement insuffisant pour s’offrir Messi et enregistrer, auprès de la Liga, les quatre prestigieuses signatures de l’été (Emerson, Depay, Garcia et Agüero) .

Le Real pourrait à nouveau essayer de convaincre le PSG de leur céder Kylian Mbappé cet été déjà.

Le Real pourrait à nouveau essayer de convaincre le PSG de leur céder Kylian Mbappé cet été déjà.

AFP

Pour le Real, ces dizaines de millions pourraient, elles, contribuer à convaincre le PSG d’accéder au vœu de Kylian Mbappé de rejoindre, ce mois encore, l’équipe désormais coachée par Carlo Ancelotti. Une fraction de cette somme servira aussi au Real pour restituer une partie du financement du nouveau Santiago Bernabeu.

Real et Barça y sont opposés

Mais, comme on l’a dit précédemment, cet accord doit encore être accepté par les clubs. Ce qui sera loin d’être une formalité au vu des réactions hostiles du FC Barcelone et du Real Madrid dès le lendemain de cette fracassante annonce. «Cet accord s’est fait sans la participation du Real Madrid et sans sa connaissance, et LaLiga a permis aujourd’hui (jeudi) pour la première fois que nous ayons un accès limité aux termes de l’accord», a communiqué le club merengue. «La négociation, poursuit le club madrilène, s’est faite sans un processus concurrentiel et les conditions économiques nouées avec le fonds CVC lui assurent une rentabilité annuelle de plus de 20%.» Très remonté, le club européen le plus titré de l’histoire ajoute que «cet accord, qui utilise une structure trompeuse et exproprie les clubs de 10,95% de leurs droits audiovisuels pendant cinquante ans, est en contradiction avec la loi.»

Un coup dur pour la Super Ligue?

Dans l’esprit de Javier Tebas, cet accord entre LaLiga et CVC Partners doit également être un coup dur pour la Super Ligue européenne, une compétition à laquelle le président de LaLiga est farouchement opposé. «Tebas a été intelligent en cherchant un moyen de générer des revenus économiques importants afin que les grands clubs soient moins incités à relancer cette Super Ligue européenne», analyse Xavier Ginesta, expert en marketing sportif à l'Université de Vic-Central University en Catalogne. De plus, CVC est l’une des grandes firmes concurrentes de JP Morgan, le fonds qui finance la Super League.»

Concurrencer la Premier League

Un accord qui est donc clairement associé à une volonté d’injecter de l’argent dans les clubs afin d’améliorer l’équilibre compétitif de la Liga et se rapprocher ainsi de la Premier League anglaise, son principal concurrent. Entre autres avantages, il devrait, selon Javier Tebas, également avoir comme conséquence une augmentation des futurs droits TV.

Les Italiens avaient refusé ce deal

Mais pour Javier Tebas et LaLiga, rien n’est encore acquis. Pour mémoire, le football italien avait été approché en premier par CVC Partners, l’an dernier. Mais sept des vingt clubs de l’élite avaient fini par refuser ce lucratif «partenariat» qui se serait élevé, pour eux, à 1,7 milliard d’euros. Selon les hautes instances du football italien, ces discussions ne seraient toutefois pas définitivement enterrées. Affaires à suivre.

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