Blanchiment d’argent: Affaire Goulnara Karimova: Berne va pouvoir aider Londres

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Blanchiment d’argentAffaire Goulnara Karimova: Berne va pouvoir aider Londres

Le TPF a donné son feu vert pour que la justice suisse remette au Royaume-Uni des documents dans le cadre de l’enquête sur la fille de l’ex-président ouzbek Karimov. 

Goulnara Karimova ici en septembre 2010 lors d’un défilé de mode.

Goulnara Karimova ici en septembre 2010 lors d’un défilé de mode. 

Getty Images via AFP

La justice helvétique pourra remettre au Royaume-Uni des documents bancaires dans le cadre d’une enquête pour blanchiment d’argent à l’encontre de Goulnara Karimova, la fille de l’ex-président ouzbek, Islam Karimov, selon le Tribunal pénal fédéral (TPF). 

Ce dernier a rejeté le recours d’une société qui s’opposait à la transmission de ces éléments au prétexte que les documents demandés concernant ses comptes dans une banque à Genève et une autre à Zurich ne pouvaient en rien éclairer l’enquête britannique, explique le TPF dans un arrêt publié mercredi.

Sur les traces de 45 millions de francs

Les enquêteurs britanniques sont sur les traces de 40 millions de livres sterling (45 millions de francs) qui ont servi à acheter des biens immobiliers au Royaume-Uni et dont ils estiment qu’ils ont été blanchis. Pour les autorités britanniques, ces fonds sont en fait des pots-de-vin en faveur de la fille aînée de l’ancien homme fort ouzbek par des entreprises de télécommunications qui souhaitaient ainsi bénéficier d’un traitement de faveur sur ce marché. Ils auraient été versés sur des comptes de la société qui vient de perdre son recours.

Selon l’arrêt du Tribunal pénal fédéral, qui détaille les éléments de l’enquête au Royaume-Uni, les fonds ont été acheminés en une trentaine de tranches via plusieurs sociétés basées dans des pays comme Gibraltar, Hong Kong et les îles Vierges et leurs comptes en Suisse, à Chypre et en Lettonie. Un cheminement complexe qui explique le soupçon de blanchiment d’argent, suffisant pour justifier l’entraide judiciaire, explique le TPF. 

Condamnée en 2020

La fille d’Islam Karimov, dont le régime faisait régner la peur et restait largement inspiré de l’autoritarisme centraliste soviétique avant son décès en 2016, a été condamnée en mars 2020 dans son pays à un peu plus de treize ans de prison pour extorsion et détournement de fonds.

Ancienne ambassadrice de son pays à l’ONU, mais aussi connue pour avoir organisé des défilés de mode, lancé une ligne de bijouterie ou interprété des chansons pop, notamment avec l’acteur français Gérard Depardieu, elle a été citée dans des affaires de corruption à grande échelle dans de nombreux pays, en Europe et aux États-Unis.

En Suisse, la Cour des plaintes du Tribunal fédéral avait en revanche donné gain de cause à Goulnara Karimova, dans une affaire où elle est accusée d’avoir perçu des pots-de-vin. Le TF a estimé que le ministère public de la Confédération avait une interprétation trop large du statut d’agent public, sur la base duquel il avait poursuivi Goulnara Karimova pour corruption et blanchiment.

Les millions de Karimova restitués à l’Ouzbékistan

Pour rappel, la Suisse et l’Ouzbékistan avaient signé en août dernier un accord sur la restitution de 131 millions de dollars, confisqués lors d’une procédure pénale impliquant Goulnara Karimova. La justice ouzbèke l'accuse de faire partie d'un groupe criminel contrôlant des actifs représentant plus d'un milliard d'euros dans plusieurs pays, dont des propriétés à Londres, Dubaï, un château près de Paris ou encore une villa à Saint-Tropez.

(AFP)

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