Hockey sur glaceMichael Raffl: «Comme un enfant qui attend Noël»
L’attaquant autrichien, co-capitaine du LHC avec Joël Genazzi, a disputé son premier match de la saison en National League, vendredi soir, contre le CP Berne (4-1). Il raconte sa journée teintée d’émotions.
- par
- Chris Geiger - Lausanne
Michael Raffl (35 ans) attendait ce moment depuis une éternité. Gravement blessé à un genou (déchirure du ménisque externe) en fin de préparation estivale, l’attaquant autrichien avait raté les 37 premiers matches de la saison de National League. Le co-capitaine du Lausanne HC, guéri et à nouveau en pleine possession de ses moyens, a enfin retrouvé la compétition, vendredi soir, lors de la réception du CP Berne à la Vaudoise aréna. Avec à la clé une solide victoire (4-1), un assist et le prix de meilleur Lion de la rencontre.
Michael Raffl, quels sentiments vous habitent après ce retour à la compétition?
C’est magnifique. J’étais évidemment un peu stressé en raison de cette longue absence. J’avais entouré ce match dans le calendrier, mais il a fallu longuement patienter. L’attente était interminable, comme pour un enfant qui attend Noël. Je me suis finalement senti suffisamment bien et en confiance pour disputer cette rencontre. Il n’en demeure pas moins que les heures qui ont précédé ce match ont été un peu difficiles. Finalement, j’ai la chance que les gars ont joué une rencontre incroyable, ce qui a grandement facilité mon retour. Une chose est sûre: je vais bien dormir ce soir (ndlr: vendredi).
Vous revenez alors que la saison régulière touche gentiment à sa fin. Comment vivez-vous ce paradoxe?
J’ai mis beaucoup d’énergie dans mon travail, avec toutes les personnes intelligentes qui m’ont accompagné durant ce long processus. J’ai beaucoup patiné avant de disputer cette partie, donc ma condition physique est au niveau de ce qu’elle devrait être. Mais c’est évident que la vitesse du jeu est un peu plus élevée en match qu’à l’entraînement. Je vais donc continuer à m’améliorer.
Vous avez disputé un match complet, au point d’être à l’origine de l’égalisation de Tim Bozon. Comment avez-vous vécu cette 13e minute?
Bon, il faut d’abord relever que tout part d’une grossière erreur de ma part en zone défensive. Heureusement, l’adversaire a raté son tir et, dans la continuité, j’ai réussi ma passe pour «Jägi» (Ken Jäger). Il a pu partir en deux contre un avec «Bozi» (Tim Bozon), et ils sont parvenus à marquer un joli but au terme d’une belle action.
Plus globalement, vous n’avez pas semblé être sur la retenue durant cette partie…
Je voulais tester mon genou et voir s’il allait tenir le choc. J’ai donc entamé la rencontre sans la moindre peur et j’ai essayé d’être moi-même sur la glace, de jouer mon jeu habituel. Je me suis toutefois peut-être un peu trop investi en première période. Au point que j’ai eu besoin d’un peu plus d’oxygène dans les vestiaires à la première pause (rires). C’était normal, après toute cette préparation pour ce match et l’intensité de celui-ci, face à un adversaire direct. Mon état de fatigue? Je me sens étonnamment bien, même si je suis content que le match soit terminé. Je pourrais d’ailleurs jouer demain (samedi) si une rencontre était prévue. Je dois quand même avouer que je suis ravi que ce ne soit pas le cas (rires).
Le LHC a actuellement un calendrier relativement épuré, avec un seul match au cours des dix prochains jours. Dans votre situation, est-ce une bonne ou une mauvaise chose?
Comme je l’ai dit, le rythme des matches est différent de celui des entraînements. Mais si je peux compter sur une équipe qui m’aide comme elle l’a fait aujourd’hui (vendredi), tout devient plus simple. Si tout le monde est sur la même longueur d’onde, et je ne dis pas qu’il faut se cacher, mais je peux en quelque sorte me fondre dans la masse. Et si tout le monde fait ce qu’il a à faire, il est plus difficile d’être mauvais.
Au terme de la partie, le public vaudois a scandé votre nom et vous a rappelé. Après tous ces moments difficiles que vous avez traversés, ce moment a dû vous faire chaud au cœur, non?
Oui, c’était magnifique. J’ai vu que l’aréna se remplissait de plus en plus dernièrement grâce aux résultats et au beau jeu proposé par les gars. Lausanne est une superbe ville et ma famille y est très heureuse. J’adore vivre ici. Les gens ont été incroyables et très patients avec moi durant mes blessures. C’est pourquoi j’essaie toujours de donner mon maximum sur la glace en retour.
Vos partenaires ont dû vous pousser en direction des fans lorsqu’ils vous célébraient. Pourquoi?
C’est tout simple: c’était une victoire d’équipe et je n’aime pas être autant au centre de l’attention. Au final, c’était quand même sympa qu’ils me poussent (rires). Mais qu’on soit bien clairs: il n’y avait aucune intention de manquer de respect aux fans, au contraire. Ils sont incroyables et c’était un moment génial. Je suis très fier de ce qu’on a accompli lors de ce match. C’était un superbe succès collectif et l’ambiance dans cette patinoire était folle. C’est ce à quoi on aspire et on espère qu’il y aura de plus en plus de monde qui viendra à la Vaudoise aréna. On essaie vraiment de construire quelque chose de spécial ici.