Royaume-UniRishi Sunak nommé Premier ministre par Charles III
Mardi, le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak, successeur de Liz Truss, a été adoubé par le roi Charles III, alors que le pays traverse une crise importante.
Au lendemain de sa victoire au sein du parti conservateur britannique, Rishi Sunak a rencontré mardi matin le roi Charles III qui l’a nommé officiellement Premier ministre, le troisième en deux mois dans un pays secoué par une instabilité inédite et une profonde crise sociale.
C’est la première fois que Charles III nomme un chef de gouvernement. La locataire sortante de Downing Street, Liz Truss, avait été reçue par Elizabeth II, le 6 septembre, lors d’une audience au château écossais de Balmoral. La souveraine de 96 ans était décédée deux jours plus tard.
Liz Truss, qui a annoncé son départ jeudi dernier, après 44 jours au pouvoir, a fait son dernier discours devant le 10, Downing Street, puis s’est rendue au palais de Buckingham pour rendre sa démission au roi. Rishi Sunak a ensuite été reçu par le souverain. Il s’est enfin rendu à Downing Street, où il a prononcé un discours.
Le plus jeune chef de gouvernement britannique
Ex-banquier et ministre des Finances, Rishi Sunak devient, à 42 ans, le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni, après une ascension fulgurante en politique. Il est aussi le premier dirigeant britannique d’origine indienne et le premier originaire d’une ancienne colonie britannique.
Après sa victoire au sein de sa formation lundi, il a promis «stabilité et unité». «Rassembler le parti et le pays sera ma priorité absolue», a-t-il déclaré dans une brève allocution. «Le Royaume-Uni est un grand pays, mais il ne fait aucun doute que nous sommes confrontés à un profond défi économique».
Rishi Sunak devient le chef de gouvernement d’un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L’inflation dépasse 10%. Le risque de récession plane. Il faudra aussi qu’il calme les marchés, ébranlés par les annonces budgétaires du gouvernement Truss.
Hunt et Raab choisis
Rishie Sunak a décidé de maintenir en poste le ministre des Finances Jeremy Hunt, nommé en catastrophe mi-octobre par Liz Truss pour calmer la tempête financière provoquée par son programme économique. Politicien expérimenté passé par les ministères de la Santé et des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, 55 ans, avait depuis sa nomination annulé presque toutes les baisses d’impôts annoncées par le gouvernement de Liz Truss et averti de mesures difficiles à venir, faisant craindre un retour de l’austérité. Il doit présenter de nouvelles mesures budgétaires le 31 octobre.
Il a aussi nommé mardi son proche allié Dominic Raab ministre de la Justice et vice-Premier ministre, des postes qu’il avait occupés sous Boris Johnson, a annoncé Downing Street. Cette nomination marque le retour de ce politicien de 48 ans, chef de la diplomatie de 2019 à 2021, puis ministre de la Justice jusqu’en septembre dernier. Déjà vice-Premier ministre, il avait remplacé Boris Johnson quand ce dernier avait été hospitalisé avec le Covid-19 au printemps 2020. James Cleverly a, pour sa part, été maintenu au ministère des Affaires étrangères. Ben Wallace a été confirmé au ministère de la Défense.
Parti très divisé
Rishi Sunak prend la tête d’un parti conservateur divisé, après douze ans au pouvoir. Alors que l’opposition travailliste culmine dans les sondages à deux ans des élections générales, Rishi Sunak a prévenu les députés de son camp qu’ils devaient «s’unir ou mourir».
Un avertissement qui fait la Une. Du côté des tabloïds, le «Daily Mail» salue une «nouvelle ère», tandis que le «Sun» lance un «Que la force soit avec toi, Rishi», mettant un sabre laser dans la main de ce grand fan de Star Wars.
Brexiter de la première heure
Ce Brexiter de la première heure, qui passe pour un travailleur pragmatique, devra former un gouvernement rapidement, pour à la fois donner des gages aux marchés et satisfaire les clans de sa majorité, au risque de subir le même sort que Liz Truss. Il devra aussi s’expliquer sur ses intentions: il ne s’est pas exprimé pendant la campagne éclair des Tories qui a démarré jeudi. Il s’est imposé sans programme ni vote des adhérents, après la renonciation de l’ex-Premier ministre Boris Johnson et l’échec de son adversaire Penny Mordaunt à se qualifier.
Pendant la précédente campagne, l’été dernier, lors de laquelle il avait été battu par Liz Truss, cet ancien chancelier de l’Echiquier (2020-2022) avait insisté sur la nécessité de lutter contre l’inflation, qualifiant les promesses de baisses d’impôts de son adversaire de «conte de fées». Sur l’immigration, il avait dit soutenir le programme ultra-controversé consistant à envoyer les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni au Rwanda. Ce projet est cependant bloqué en justice.