Football: Frédéric Veseli: «Ribéry, il n’y a que sur le terrain où il est sérieux»

La fin de carrière de Franck Ribéry ne faisait plus aucun doute mais il manquait le plus important: la confirmation du principal intéressé. Celle-ci a fini par tomber ce vendredi après-midi. Les hommages ont plu bien avant, d’Allemagne, de France et d’ailleurs. Dans la longue histoire de «Kaiser Franck», ses trois dernières saisons en Italie – deux à la Fiorentina et une à la Salernitana – ne présentent pas le même éclat que ses années mémorables au Bayern Munich et ses exploits avec les Bleus, mais elles ne sont pas dénuées d’intérêt. Parce qu’elles racontent la mentalité d’un champion resté dévoué à son sport, tout en se sachant au crépuscule de sa vie de footballeur.

C’est le sens du témoignage livré par Frédéric Veseli. Le défenseur né à Renens et passé par Team Vaud a vu débarquer Ribéry à la Salernitana il y a un an. Les deux joueurs, plombés par des blessures à répétition, n’ont pu disputer que trois matches ensemble mais ils ont partagé le même vestiaire jusqu’à fin août et le départ de Veseli à Benevento. Fâcheuse coïncidence: au moment où l’ailier français tire sa révérence à 39 ans en raison d’un physique déclinant, l’international albanais de 29 ans se retrouve blessé à un genou et éloigné des terrains pour plusieurs mois. Entre deux rendez-vous médicaux, il a pris le temps d’évoquer son ex-glorieux coéquipier.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de sa retraite?

Je n’ai pas été surpris. Depuis son arrivée, Franck a toujours rencontré des problèmes physiques. Il n’est jamais parvenu à être à 100% sur la durée. En fait, je m’attendais à ce qu’il arrête dès cet été. Il était bien revenu lors de la préparation d’avant-saison et il s’est refait mal. Là, je me suis dit que ce n’était qu’une question de temps. Mais je pensais qu’il allait quand même terminer la saison.

Évoquait-il déjà sa fin de carrière la saison dernière? 

Je lui avais demandé plusieurs fois quand il pensait arrêter. Sa réponse était toujours la même: «Je continuerai tant que je peux jouer et être en forme, ça ne dépend plus de moi mais de mon corps.» Comme il aime le jeu et se donne à fond, il n’envisageait pas de dire stop. Tout était lié à sa santé.

Comment vous et le groupe avez accueilli sa venue, en septembre 2021?

On était surpris qu’il nous rejoigne, déjà, parce que le club était dans une situation financière fragile. Nous, les joueurs, avions certaines craintes et son arrivée nous a rassurés. Tout le monde était content de côtoyer un tel champion.

Que retenez-vous de votre saison avec lui? 

Quand tu vois son niveau d’engagement et de professionnalisme, tu comprends comment il a réussi une telle carrière. Il a la rage et ce n’est pas quelqu’un qui se laisse battre facilement. C’est un motivateur. Il pousse les gens et exige le maximum de chacun, parce que lui donne le sien. C’est un leader par son engagement.

Le Franck Ribéry avec qui vous avez évolué était-il conforme à celui que vous vous étiez imaginé?

On a pu témoigner de son incroyable qualité à l’entraînement, c’est sûr. C’était dans l’endurance où ça péchait. Il arrivait à éliminer les joueurs avec une grande facilité, imaginait et réalisait des passes extraordinaires, sauf qu’il n’arrivait pas à répéter tout cela autant que par le passé.

Dans la vie de groupe, comment se comportait-il?

Il était agréable à côtoyer. C’est un mec super cool, ouvert, gentil avec tout le monde et généreux. Il est resté jeune dans sa tête. C’est quelqu’un de très joyeux, qui blague tout le temps.

À ce propos, est-il resté le Ribéry farceur et potache tel qu’on le connaissait dans ses jeunes années?

Ah oui, tout le temps! Il est comme ça du matin au soir, même quand il dort je pense (rire). Il passe son temps à blaguer, il n’y a que sur le terrain où il est sérieux. Au quotidien, Franck est comme on l’aperçoit à la télé.

Quelle trace laissera-t-il dans votre carrière?

Son cas prouve que les champions qui prennent soin d’eux et continuent de se donner à fond chaque jour peuvent conserver un haut niveau de performance même à un âge avancé. Plus jeune, j’ai eu la chance de côtoyer Ryan Giggs et Paul Scholes à Manchester United, qui étaient déjà des exemples là-dessus. Franck était une confirmation de ce qu’eux m’avaient déjà démontré. Je le place au même niveau.