Ski alpinCommentaire: la FIS doit sortir la tête de la neige
Les acteurs masculins du cirque blanc disputent ce week-end une étape en Californie. Alors que près de 500 athlètes ont envoyé une lettre ouverte à la FIS pour agir face au réchauffement climatique, celle-ci ne semble pas à l’écoute de leurs préoccupations.
![Sylvain Bolt](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/01/bb7a97e8-65c0-46b3-b102-5b6e95d07449.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1440%2C1800&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=0807dc48732efd0f1ac320e6b6610c8f)
![La FIS et son président Johan Eliasch ne semblent pas réellement préoccupés par la lettre ouverte reçue et signée par près de 500 athlètes. La FIS et son président Johan Eliasch ne semblent pas réellement préoccupés par la lettre ouverte reçue et signée par près de 500 athlètes.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/47f1a55b-f6a5-4765-89c8-4d63c80339d7.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.802734375&fp-y=0.35604395604395606&s=e6154622f603bd6d5cedca12bf0a58f8)
La FIS et son président Johan Eliasch ne semblent pas réellement préoccupés par la lettre ouverte reçue et signée par près de 500 athlètes.
Getty ImagesLes Mondiaux de Courchevel/Méribel viennent de se terminer. Et les acteurs masculins du cirque blanc ont directement traversé l’Atlantique pour rejoindre la… Californie. L’occasion de se prendre en selfie sur le Golden Gate de San Francisco, puis direction Palisades Tahoe, à quatre heures de route. Des heures de vol pour deux épreuves techniques (géant et slalom). Yule, Aerni, Rochat et les purs slalomeurs ont carrément traversé la planète pour y disputer une épreuve. Aberrant non?
La tournée nord-américaine automnale ne suffit plus. La Fédération internationale de ski (FIS) a décidé cette saison d’y retourner une deuxième fois pour conquérir l’immense marché potentiel outre-Atlantique. Car il paraît que l’intérêt pour le ski alpin baisse après les Mondiaux en Europe.
Les intérêts financiers semblent une fois de trop primer sur le bon sens. Surtout, la FIS persévère dans sa politique de l’autruche, incapable d’écouter les revendications de ses acteurs principaux. Lors des récents Mondiaux en Savoie, près de 420 athlètes ont adressé une lettre ouverte à leur fédération internationale, lui demandant d’intensifier ses efforts en faveur de l’environnement et cela en toute «transparence». L’idée est notamment d’aménager le calendrier et de réduire les déplacements intercontinentaux. Raté, donc!
Prochaine étape: le boycott?
«Notre sport est en danger», alertent les athlètes. Pourtant, la FIS met la tête dans la neige et se cache derrière l’excuse fallacieuse qu’elle entreprend des actions, du genre: «Nous n’avons pas attendu ces jolis mots pour agir!» Et ses dirigeants ne semblent pas prêts à réagir à cette prise de position forte signée par ses stars, dont Mikaela Shiffrin et Aleksander Aamodt Kilde. Pire, une condescendance est perceptible dans les discours. La remise en question? Pas à l’ordre du jour!
Pas convaincus par la réaction de la FIS, les acteurs des sports d’hiver ont renvoyé une missive. Au nom des athlètes, le skieur autrichien Julian Schütter pose trois questions précises à l’instance, exige des actions concrètes et de la transparence. Ces sportifs, plus que leurs dirigeants dans des bureaux, sont les témoins privilégiés du réchauffement climatique. N’assistent-ils par chaque été à l’inquiétante fonte des glaciers?
La FIS doit impérativement écouter ses athlètes. Et agir. Mais faut-il peut-être que les skieurs passent à l’étape suivante et boycottent une épreuve telle que celle disputée ce week-end en Californie? Le signal aurait eu le mérite d’être fort et l’effet salutaire. Car au final, il s’agit bien là de la course la plus importante de leur vie, non?