FootballÀ la Praille, l’attitude des agents Securitas exaspère les supporters adverses
Le FC Zurich a dénoncé le comportement des agents de sécurité privée lors du match contre Servette samedi dernier. Ce n’est pas le seul.
- par
- Valentin Schnorhk
La prise de position peut être embarrassante. Le risque est qu’elle soit inaudible. Mais il faut prendre le temps de l’entendre, de l’analyser et de la décrypter. Samedi soir, à la Praille, d’inacceptables débordements ont eu lieu entre les supporters du FC Zurich et les forces de sécurité privée et la police. Condamnable. D’ailleurs, le club zurichois ne s’en est pas dédouané. Mais dans son communiqué de lundi soir, le FCZ avait aussi mis en cause «le comportement inadmissible des collaborateurs de l’entreprise Securitas, responsable du secteur visiteurs». Cela mérite d’être écouté.
D’autant plus que, d’après nos informations, ce n’est pas un événement isolé: cette saison, les représentants des fans d’au moins un autre club se sont déjà plaints auprès de la Swiss Football League (SFL) et du Servette FC de l’attitude des agents de sécurité privée postés auprès du parcage visiteurs du Stade de Genève.
La SFL, elle, écoute. Et se veut proactive: elle va prochainement organiser une table ronde avec tous les acteurs concernés côtés servettien et zurichois (clubs, police, autorités politiques, entreprises de sécurité, etc.) pour mettre les choses au clair.
Fouilles systématiques et intrusives
Qu’est-il reproché aux agents de Securitas? En premier lieu, on comprend que les préposés à la sécurité du FC Zurich n’ont guère apprécié la manière dont le principe de Good Hosting («bon accueil») a été appliqué. Le concept est en vigueur en SFL depuis la saison 2015-16. Il a pour vocation à ce que l’accueil des supporters visiteurs se fasse de manière chaleureuse et fluide. Concrètement, il suggère que la fouille soit aléatoire et qu’elle ne concerne qu’une personne sur dix environ, de manière ciblée.
Or, à la Praille, certaines plaintes font état d’un contrôle systématique et minutieux des supporters et de leurs matériels à l’instar des drapeaux. Aussi, des cas de fouilles intrusives, voire intimes ont été dénoncés auprès de la SFL. Plus globalement, plusieurs voix font état d’une attitude provocante, quand elle n’est pas agressive, de la part des agents Securitas. Un cocktail qui contribuerait à faire monter la tension générale, sans pour autant justifier les violences qui en ont découlé.
La société Securitas ne réagit pas aux dénonciations du FC Zurich et renvoie au Servette FC. Elle agit sur mandat du club genevois et de son responsable de la sécurité. De quelle marge de manœuvre dispose ce dernier? Quel impact a la police dans l’approche sécuritaire? Ce sont également des questions qui se posent du côté des autres clubs.
La réponse de Servette
Côté grenat, on botte en touche: «Nous collaborons avec tous nos partenaires de la même façon: de manière proactive et en nous réunissant de manière régulière notamment sur des séances d’organisation de matchs, fait savoir Servette. Nous avons organisé 26 rencontres cette saison au Stade de Genève, entre les différentes Coupes d’Europe, la Coupe de Suisse et le championnat. Aucun rapport de match de la SFL n’a fait mention de dysfonctionnement notable, et il en va de même pour l’UEFA.»
Servette assure que les collaborateurs de Securitas «pratiquent le Good Hosting, les fouilles ne sont pas systématiques. C’était le cas samedi contre Zurich. Pour rappel, la venue des Zurichois au mois de juillet s’est déroulée sans problème avec la même entreprise.»
Relevons par ailleurs que les incidents de la Praille de samedi n’ont pour l’instant donné lieu à aucune sanction à l’égard des supporters zurichois, malgré une séance convoquée par la CCDJP (Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police) mardi. Signe, peut-être, que les autorités politiques ont voulu s’ôter d’un doute, plutôt que de trancher dans la précipitation.