Hockey sur glaceDepuis le Japon, il a vibré pour GE Servette
Lionel Piguet a quitté Genève en 2003 et vit à Kobe. Dans la nuit de jeudi à vendredi, il a vécu un rêve à distance avec le sacre des Aigles.
- par
- Ruben Steiger
À plus de 9000 km de l’agitation et des scènes de liesses populaires des Vernets, un petit coin du Japon s’est enflammé pour les Aigles. Et ce, grâce à Lionel Piguet. Un Genevois de 42 ans qui a quitté la Cité de Calvin en 2003 avec un besoin de changer d’air, de démarrer une nouvelle vie. Son tour du monde l’a mené d’Osaka à Kobe en passant par Taïwan, là où il a rencontré sa femme philipino-taiwannaise.
Malgré la distance, il y a une chose qui est restée ancrée dans le cœur de ce journaliste et photographe sportif. Son amour pour le GSHC et le Servette FC. «Mon père m’amenait à la patinoire quand les Aigles étaient encore en première ligue, se remémore-t-il. Je me souviens encore des matches sur la patinoire extérieure. À l’époque, il n’y avait presque aucun engouement et cela a commencé à changer avec la promotion en LNB, puis celle en LNA que j’ai pu vivre juste avant de partir à Osaka.»
L’explosion de joie à 5h15
Forcément, en bon supporter, Lionel a assidûment suivi le parcours des Grenat pendant ces play-off. Cette «finalissima» historique, il a été forcé de la suivre sur un petit écran d’ordinateur au beau milieu de la nuit japonaise. «Le match a commencé à trois heures du matin donc je ne pouvais pas faire de bruit sous peine de réveiller tout le monde.»
Une contrainte qui ne l’a pas empêché d’être emporté par un tourbillon d’émotions lorsque Teemu Hartikainen a inscrit la quatrième réussite. Le but de l’histoire, celui qui a définitivement offert le titre à GE Servette. «J’ai explosé de joie. Heureusement, il était environ 5h15 à Kobe et les gens se réveillaient gentiment pour aller travailler», rigole-t-il.
La percée victorieuse de l’attaquant finlandais restera gravée dans l’histoire comme le moment où la pression a définitivement disparu des esprits du peuple grenat. «J’avais tellement peur de revivre une nouvelle cruelle désillusion après les trois finales perdues. J’ai quand même réussi à passer une journée normale en étant assez efficace au travail car j’avais confiance. L’optimisme m’a quitté en début de partie, mais il est très vite réapparu en voyant la prestation des joueurs.»
Un titre vécu (presque) tout seul
Le contraste entre les Vernets et l’appartement de Lionel est saisissant. D’un côté, entre 10’000 et 15’000 personnes, fêtant le titre ensemble comme une grande famille. De l’autre, un homme seul, mais tout aussi heureux. «J’aurais rêvé pouvoir me rendre à Genève pour cette rencontre, admet-il. Mais en tant que journaliste indépendant, je dois travailler et il était impossible de venir.»
Lionel a tout de même célébré ce triomphe avec sa famille, notamment sa fille Léa, à qui il a transmis son amour pour GE Servette. «Elle s’est prise de passion pour le hockey, mais avec un réveil à 7 heures pour l’école, c’était trop compliqué de regarder le match.» Un autre point commun lie Lionel et Léa. L’envie de découvrir le monde. «Elle aime beaucoup la Suisse et y est très attachée. Elle veut vivre là-bas plus tard.»
Un déménagement n’est pas à l’ordre du jour et la petite famille va continuer de couler des jours heureux à Kobe, une ville dont l’équipe de football, le Vissel, joue également en grenat. «C’est un joli clin d’œil du hasard. Mais les points communs entre Kobe et Genève ne s’arrêtent pas là. Ce sont des villes depuis lesquelles tu as facilement accès à la mer, au lac, à la montagne et à la nature. C’est l’idéal pour se ressourcer et j’avais besoin de cela.»
Un peu comme si Lionel avait tenté de retrouver sa ville de cœur à l’autre bout du monde.