TennisLeylah Fernandez, tube de l’été à l’US Open
Après avoir éliminé Naomi Osaka, Angelique Kerber et Elina Svitolina, la Canadienne de 19 ans s’attaque à Aryna Sabalenka, demi-finaliste à Wimbledon, dans la nuit de jeudi à vendredi.
Contrairement à Eric Clapton, dans son célèbre hit «Layla» (got me on my knees), Flushing Meadows n’est pas encore à genou devant Leylah Fernandez, mais cela pourrait vite arriver tant la Canadienne de 19 ans, demi-finaliste surprise à l’US Open, est éblouissante.
L’ovation a été longue. Et méritée. Autant que les félicitations d’Elina Svitolina, pourtant battue de pas grand-chose, au bout du tie-break d’un troisième set longtemps indécis, mais venue prendre sa jeune adversaire dans ses bras, alors que celle-ci venait de se relever avec peine d’être justement tombée à genoux d’émotion, sur le ciment du Arthur Ashe.
Fernandez n’en est plus à un exploit près ces derniers jours, ce qui contribue évidemment à la mettre de plus en plus en pleine lumière. Le premier, le plus retentissant de tous pour l’instant, l’a vue éliminer la tenante du titre Naomi Osaka au 3e tour, au terme d’un stupéfiant renversement de situation, la Japonaise N.3 mondiale ayant craqué alors qu’elle menait 7-6 6-5, à deux points du match.
Convoquer le public
Etre soudainement sous les feux de la rampe, «les premiers jours, c’était vraiment un peu difficile», a reconnu Fernandez. «J’ai eu beaucoup de chance d’avoir des matches de double le lendemain, pour garder les pieds sur terre. Maintenant, je sens que je suis un peu plus habituée.»
Et pour cause: dimanche soir, elle a barré la route d’une autre tête de série, l’Allemande Angelique Kerber (17e), en parvenant encore à s’imposer au troisième set, après avoir cédé le premier. «J’ai une super équipe autour de moi qui m’aide à garder la tête froide et à ne penser qu’à mon prochain match, sans m’attarder sur toutes les bonnes choses qui m’arrivent», a-t-elle assuré, laissant l’impression qu’au fond ce n’est pas si difficile.
Celle qui tourne parfois le dos au terrain, en se positionnant face au mur derrière elle, comme elle l’a fait contre Svitolina afin de rester le plus possible concentrée – «après chaque point, qu’il soit gagné ou perdu, je me disais toujours ‘fais confiance à ton jeu’ - sait aussi convoquer les hourras du public, avec sa façon bien à elle de tendre haut le bras droit, poing fermé.
«Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu être la première sur le court à jouer devant mes parents. Même à l’école, sauf pour les présentations devant la classe que je détestais, quand il fallait jouer dans une pièce, chanter, danser, j’y allais, je m’amusais. Au fil des ans, j’ai ainsi appris à utiliser l’énergie de la foule, à savoir comment l’utiliser à mon avantage», a-t-elle confié.
Cette assurance face aux fans new-yorkais se double d’une grande confiance en ses capacités tennistiques, insufflée par son père Jorge. Cet ancien joueur de foot professionnel a pris en main la carrière de Leylah, quand celle-ci a été écartée à 7 ans d’un programme canadien de développement du tennis, même s’il ne connaissait presque rien à ce sport.
«Dès mon plus jeune âge, j’ai su que j’étais capable de battre quiconque se trouve devant moi. Quels que soient les sports, j’ai toujours été compétitive, je disais que j’allais gagner contre eux, que j’allais gagner contre mon père au foot, même si c’était impossible. J’ai toujours eu cette conviction», expliquait-elle, après son exploit en mondovision contre Osaka.
Contre Elina Svitolina, 5e mondiale, le message transmis par son père lui a été grandement utile: «Il m’a dit ‘Bats-toi sur chaque point. C’est ton premier quart d’un Grand Chelem. N’en fais pas ton dernier match ici. Bats-toi pour ton rêve’».
La gauchère au visage encore adolescent, sans complexe, qui colle des gifles monumentales de coup droit à ses rivales plus chevronnées, aura encore fort à faire vendredi (1 heure du matin en Suisse) contre la No 2 mondiale Aryna Sabalenka, tant la Biélorusse fait forte impression dans ce tournoi.
Mais Fernandez, qui a remporté son premier titre WTA en mars à Monterrey, a bien compris que sous les feux de la rampe, elle semble briller de plus belle. Leylah, tube de l’été 2021 à Flushing Meadows, on vous dit...