Etats-Unis: Le Congrès, toujours sans «speaker», s’enfonce dans la crise

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États-UnisLe Congrès, toujours sans «speaker», s’enfonce dans la crise

Les républicains s’affairaient en coulisses ce jeudi 5 janvier pour désigner enfin un «speaker» à la Chambre américaine des représentants, et mettre un terme à la paralysie générée par la fronde d’une poignée d’élus de l’aile droite du parti.

L’élection du «speaker», le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix.

L’élection du «speaker», le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix.

AFP

La Chambre américaine des représentants a clos sa journée jeudi sans parvenir à élire son nouveau président, restant complètement paralysée par des dissensions dans les rangs républicains. Le favori Kevin McCarthy n’est toujours pas parvenu à accéder au perchoir après une troisième journée de tractations et 11 tours d’une élection qui paraît toujours sans issue. Les débats doivent reprendre vendredi à 12 h 00 (17 h 00 GMT).

L’élu de Californie a tendu la main à la vingtaine d’élus trumpistes jouant les trouble-fêtes, leur offrant des concessions de taille lors de négociations en coulisses. En vain.

Le groupe, qui dit n’avoir aucune confiance en lui, refusait toujours de rentrer dans le rang, laissant la Chambre des représentants un jour de plus sans président -- un scénario inédit en 160 ans. Ce blocage a des répercussions très concrètes: sans «speaker», les élus ne peuvent pas prêter serment ni donc passer de projet de loi.

«Fausse route»

Membres de la frange la plus conservatrice du parti, ces élus trumpistes ne font fondamentalement pas confiance à Kevin McCarthy et profitent de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions.

Le républicain, qui ne peut pas être élu sans leur soutien, a notamment accédé à une de leurs requêtes visant à faciliter l’éviction du «speaker». Mais l’opposition à sa candidature semblait se cristalliser.  «Nous devons réparer ce système défectueux», a estimé l’élu du Montana Matt Rosendale, exhortant d’autres républicains à se joindre à leur fronde.

«Moins grave» qu’en 1856

L’élection du «speaker», le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix. Kevin McCarthy plafonnait pour le moment à 201.

Combien de temps sa candidature restera-t-elle viable? L’élu de Californie ne dispose pas pour autant de concurrent crédible. Seul le nom du chef de groupe Steve Scalise circule comme possible alternative, sans que ses chances ne semblent sérieuses.

La Chambre continuera à voter jusqu’à ce qu’un président soit élu. Ce qui n’est généralement l’affaire que de quelques heures pourrait s’étendre sur plusieurs semaines: en 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de deux mois et 133 tours. «Il ne fait pas de doute que les problèmes qui nous divisent aujourd’hui sont bien moins graves que ceux que nous avions en 1856», a lancé l’élu John James, en appelant ses collègues à se ranger sans attendre aux côtés de Kevin McCarthy.

Le président démocrate Joe Biden a qualifié mercredi cette situation d’«embarrassante», assurant que «le reste du monde» suivait de près la pagaille au Congrès.

Agacement chez les républicains

L’agacement et l’impatience se faisaient aussi sentir dans les rangs du «Grand Old Party», qui soutiennent très largement la candidature de Kevin McCarthy, donnant lieu à des débats très animés dans l’hémicycle. Les républicains se trouvent ainsi dans l’incapacité pour le moment d’ouvrir les nombreuses enquêtes qu’ils avaient promises contre Joe Biden.

Une situation que les démocrates observent avec un certain amusement, entre rires narquois et applaudissements à leurs collègues républicains. Le parti de Joe Biden fait bloc autour de la candidature du chef Hakeem Jeffries, mais l’élu ne dispose pas non plus d’assez de voix pour accéder au perchoir. Être face à une Chambre hostile, mais désordonnée, pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s’il confirme son intention de se représenter en 2024 -- décision qu’il doit annoncer en début d’année.

(AFP)

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