TurquiePlus d’une centaine d’arrestations pour «terrorisme»
Mardi, une opération «antiterroriste» contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan a eu lieu en Turquie. De nombreuses personnes ont été interpellées.
Au moins 110 personnes ont été arrêtées mardi, en Turquie, dans le cadre d’une opération «antiterroriste» visant le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et dénoncée comme une «tentative d’intimidation» à trois semaines des élections.
L’opération menée simultanément par la police dans vingt-et-une provinces du pays, dont celle de Diyarbakir (sud-est) à majorité kurde, est inédite par son ampleur, selon l’Association du barreau de Diyarbakir contactée par l’AFP.
«Le nombre total d’interpellations pourrait atteindre 150»
L’Association estime que «le nombre total d’interpellations pourrait atteindre 150», dont au moins «une vingtaine d’avocats, cinq journalistes, trois acteurs de théâtre et un politicien», a-t-elle détaillé. Les avocats sont interdits de tout contact avec leurs clients pendant 24 heures, a précisé l’Association.
Le président de l’Association du barreau de Diyarbakir, Nahit Eren, a déclaré dans un communiqué «une tentative d’intimidation des électeurs kurdes». «Nous ne pouvons pas dire qu’il s’agit d’une opération indépendante déconnectée de l’agenda politique du pays. L’opération semble être une intimidation des électeurs kurdes», a-t-il affirmé.
Selon la chaîne de télévision publique TRT, les personnes arrêtées sont suspectées d’avoir financé le PKK – un parti classé par Ankara et ses alliés comme organisation terroriste et interdit dans le pays – ou d’avoir recruté de nouveaux membres.
Faiseur de roi
Des suspects auraient transféré de l’argent au PKK par l’intermédiaire de sociétés opérant depuis des municipalités gérées par le principal parti prokurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), affirme TRT.
Le HDP, dont le candidat à la présidentielle de 2018 avait terminé troisième avec 8,4% des suffrages exprimés, est considéré comme le faiseur de roi du scrutin du 14 mai, qui s’annonce contesté. «Les domiciles de nombreuses personnes, dont des journalistes, des avocats et des dirigeants d’ONG, ont été perquisitionnés aux premières heures de la matinée», affirme pour sa part l’ONG de défense des libertés MLSA.
«De façon organique»
Les élections présidentielle et législatives qui se tiennent le mois prochain en Turquie seront décisives pour le maintien, ou non, du président Recep Tayyip Erdogan et de son parti AKP, au pouvoir depuis deux décennies. L’opposition présente un front uni de six partis qui a désigné un candidat unique à la présidence, Kemal Kiliçdaroglu, auquel le HDP a apporté son soutien.
Le HDP est la troisième force politique du pays et la deuxième formation d’opposition au Parlement. Son coprésident et figure principale, Selahattin Demirtas, est en prison depuis 2016 pour «propagande terroriste». Le HDP est par ailleurs sous le coup d’une menace de fermeture, réclamée en janvier devant la Cour constitutionnelle turque par un procureur qui l’a accusé d’être lié «de façon organique» au PKK.