France: la mairie de Dieppe fait retoucher une affiche jugée sexiste

Pour le festival BD de Dieppe qui aura lieu en juillet, l’invité principal cette année est Jim. Sa série la plus célèbre est «Une nuit à Rome», mettant en scène Marie et Raphaël, 20 ans, amants qui se jurent de se revoir quoi qu’il arrive à Rome pour leurs 40 ans.

C’est donc tout naturellement son héroïne que l’auteur a fait figurer sur l’affiche, accoudée sur des piles de livres devant l’église Saint-Jacques de Dieppe. Mais de nombreux fans de BD se sont étranglés il y a quelques jours en voyant que le site du Festival avait modifié son image d’accueil, remplaçant l’affiche par une nouvelle version.

Dans cette dernière, le décolleté pourtant léger de Marie est caché par des livres supplémentaires, un copié collé de quelques ouvrages figurant sur le dessin de base. Et les fines bretelles de sa robe ont pris de l’épaisseur. Évidemment, les termes de censure et de pudibonderie excessive sont évoqués dans les commentaires. «Venez en doudoune au festival, tant qu’à faire».

Face aux réactions, la mairie, dirigée par un communiste, a fourni une explication. En tant que partenaire du festival, à qui elle accorde des subsides, elle a son mot à dire sur la communication: «Nous faisons très clairement la distinction entre une œuvre d’art, comme une bande dessinée, qui là représente une héroïne, et une affiche qui annonce un événement grand public. Or, pour annoncer un événement qui touche tous les publics, nous avons pensé que la représentation d’une jeune femme en pose lascive, avec un décolleté certes léger, n’entrait pas dans la vision que nous nous faisons de la lutte contre les discriminations».

La pose de Marie est donc lascive et l’affiche discriminatoire, pour la mairie. L’auteur, d’abord très surpris par la décision de «masquer» ce décolleté, a décidé de ne pas rajouter de l’huile sur le feu, l’important selon lui étant que le festival puisse avoir lieu, précisant que ses organisateurs sont très sympas et qu’ils n’y peuvent rien. Pareil pour ces derniers, qui comprennent mal cette décision sur l’affiche mais ne veulent pas perdre le soutien de la mairie, précise «Le Parisien». Jim a toutefois tenu à dire que ce n’était pas lui qui avait procédé au nouvel empilement des bouquins et, en plaisantant, a dit sur les réseaux sociaux avoir une petite préférence sur une troisième version de l’affiche, ci-dessous.

Si la grande majorité des réactions s’offusque de la décision de la mairie, qui verrait le mal là où il n’est pas, il en est d’autres qui trouvent qu’encore une fois, la BD ne peut faire autrement que de mettre en avant des jeunes et jolies femmes, dans un vieux réflexe sexiste.