BalkansHeurts entre police et Serbes dans le nord du Kosovo
L’arrestation d’un homme soupçonné d’être à la tête d’un groupe serbe paramilitaire a provoqué des débordements dans la ville de Mitrovica mardi.
Des affrontements ont opposé, mardi, policiers kosovars et membres de la minorité serbe dans la ville ethniquement divisée de Mitrovica, au moment où le premier ministre du Kosovo annonçait un plan pour tenter d’apaiser les tensions qui minent la région depuis des semaines.
Forces de l’ordre caillassées
Mitrovica, divisée entre quartiers serbes situés au nord de la rivière Ibar et partie albanaise au sud, est sur le qui-vive depuis que Pristina a intronisé en mai des maires kosovars albanais dans quatre villes du nord du territoire, où vivent une majorité de Serbes. Trente militaires de la KFOR, la force emmenée par l’OTAN au Kosovo, ont été blessés lors de heurts avec des manifestants serbes.
Le dernier accès de fièvre s’est produit quand la police kosovare a arrêté un homme soupçonné d’être à la tête d’un groupe serbe paramilitaire. Des manifestants serbes se sont regroupés et ont caillassé les forces de l’ordre kosovares, qui ont été obligées de reculer, rapporte une correspondante de l’AFP. Des sirènes d’alarme ont retenti dans la ville.
Le ministre kosovar de l’Intérieur Xhelal Svecla a déclaré que trois policiers avaient été «légèrement blessés». Il a également confirmé l’arrestation d’un homme soupçonné d’avoir organisé les attaques contre les troupes de la KFOR en mai. «La police du Kosovo a arrêté aujourd’hui (…) un des leaders du groupe criminel Défense civile, qui terrorise nos citoyens depuis des années», a-t-il dit sur les réseaux sociaux.
Nouvelles élections
Ces heurts sont survenus alors que le premier ministre kosovar Albin Kurti a présenté un plan en cinq points pour tenter d’engager une désescalade, dont de nouvelles élections dans les quatre municipalités contestées. Il a également réclamé la reprise «immédiate» des discussions avec la Serbie sous l’égide de l’Union européenne. Les Serbes avaient boycotté les municipales d’avril dans les quatre mairies où ils sont majoritaires, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation inférieure à 3,5%.
La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais. Environ 120’000 Serbes vivent au Kosovo, dont un tiers dans le nord du territoire qui compte une population de 1,8 million d’habitants en grande majorité albanaise kosovare. La minorité serbe reste largement fidèle à Belgrade et refuse de reconnaître la souveraineté de Pristina. Les Serbes du Kosovo sont accusés par certains d’être instrumentalisés par la Serbie.