Guerre en Ukraine: Missile russe sur Tcherniguiv: «C’est juste l’horreur»

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Guerre en UkraineMissile russe sur Tcherniguiv: «C’est juste l’horreur»

Samedi, une frappe russe sur une ville ukrainienne a fait au moins sept morts et plus d’une centaine de blessés. Les témoignages affluent.

Après la frappe meurtrière sur Tcherniguiv, trois jours de deuil ont été décrétés jusqu’à lundi.

Après la frappe meurtrière sur Tcherniguiv, trois jours de deuil ont été décrétés jusqu’à lundi.

AFP

«Les gens criaient, pleuraient, c’était effrayant»: sur son lit d’hôpital, ses jambes encore couvertes de sang, Diana Kazakova décrit «l’horreur», quand un missile russe a frappé samedi le cœur de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine. En fin de matinée, quelques minutes après le déclenchement des sirènes d’alerte aérienne, un missile perce par le haut le théâtre de la ville, édifié au centre d’une place populaire et très fréquentée.

Les tôles ondulées du toit de l’édifice ne sont plus qu’un amas de ferraille déchiquetée et tordue. Les vitres des fenêtres ont été soufflées, mais les murs extérieurs de l’imposant bâtiment sont intacts. Sur les deux petites rues encadrant le théâtre, le souffle puissant de l’explosion a fait voler en éclat toutes les fenêtres des restaurants, cafés, commerces et appartements des immeubles. Des portes sont sorties de leurs gonds.

Voiture criblée d’éclats

Au bas d’une voiture criblée d’éclats et au moteur enfoncé, deux flaques de sang brillent encore. Sur les sièges avant, deux airbags ensanglantés sont dégonflés. Sous le volant, deux sandales sont encore devant les pédales.

Stationné dans la rue, le véhicule a été projeté quatre mètres plus loin contre le mur d’un restaurant. Sur le trottoir, jonché de débris de verre sur une cinquantaine de mètres, un arrêt de bus vitré n’a plus que sa structure métallique. Garé juste à côté, un bus jaune a ses fenêtres explosées. Il allait de la gare au cimetière de la ville. Sur le plancher au milieu des débris, une paire de lunettes a été abandonnée.

«J’ai été assommée par le choc»

Diana Kazakova, elle, se trouvait dans un magasin de tissus quand le missile a explosé. «La vitrine m’est complètement tombée dessus. Je suis tombée (…) Puis je me suis réveillée, j’ai été assommée par le choc», dit-elle à l’AFP d’une voix faible. Dans la rue «des gens pleuraient, criaient (…) Il y avait beaucoup de monde, c’était effrayant», ajoute la sexagénaire, hospitalisée pour une commotion cérébrale et des blessures aux jambes.

Au moment de la frappe, Viktoria Zakhartchenko, 29 ans, venait juste d’arriver dans le café dont elle est la gérante. Il est situé dans la rue le plus touchée, près du magasin de tissus. «Quand je suis sortie, c’était terrible. Je ne savais pas si les gens qui gisaient par terre étaient encore vivants ou bien déjà morts», raconte-t-elle à l’AFP devant son établissement.

«Je suis tombée au sol»

Sur le parking devant la façade en colonnes du théâtre, une vingtaine de voitures ont toutes leur pare-brise enfoncé. Un peu plus loin, comme stoppée nette sur la place, une petite fourgonnette est criblée d’impacts. Les sièges avant portent des traces de sang.

Quelques mètres à côté, un homme en tenue militaire inspecte un petit tas de bouts de ferraille et de fils colorés rassemblés au sol, probablement des parties du missile qui ont été retrouvées. Dans l’autre rue encadrant le théâtre, Lioudmila, 24 ans, est venue aider pour enlever les débris dans un restaurant où elle a travaillé. Elle se trouvait à «200 mètres quand il y a eu un sifflement très fort et une explosion. Je suis tombée au sol», raconte-t-elle à l’AFP.

«C’est l’horreur, juste l’horreur»

Il y avait «des cris, il y avait beaucoup de morts, de blessés et d’ambulances. C’est l’horreur, juste l’horreur», dit la jeune femme encore sous le choc et les mains toutes tremblantes. Elle s’interroge sur la programmation d’une exposition sur des drones qui devait se dérouler dans la ville ce samedi.

Si elle blâme les Russes pour avoir tiré le missile, «qui a permis maintenant, alors que la guerre est dans le pays, de tenir une exposition de drones?» s’interroge-t-elle, en faisant un possible lien entre la frappe et l’exposition. Selon le dernier bilan donné par le maire par intérim de la ville, Oleksandre Lomako, la frappe fait au moins sept morts et 110 blessés. Trois jours de deuil ont été décrétés, jusqu’à lundi.

(AFP)

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