Ski alpin: Justin Murisier veut aussi faire le poids en géant

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Ski alpinJustin Murisier veut aussi faire le poids en géant

Le Valaisan a dans un coin de sa tête l’envie de devenir un descendeur tout en gardant ses sensations en technique où il vise un top 10 à Sölden sur une piste qu’il affectionne.

Christian Maillard
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Christian Maillard
Justin Murisier a dû parfois se forcer à manger pour prendre de la masse.

Justin Murisier a dû parfois se forcer à manger pour prendre de la masse.

AFP

Comme un acteur avant d’entrer en scène et de jouer la «première», il y a cette boule au ventre et cette question de savoir si on est vraiment prêt. Avant de se mettre en piste sur ce glacier de Rettenbach qu’il apprécie tant, Justin Murisier se retrouve à Sölden comme chaque début de saison avec la conviction de s’être bien entraîné. Mais avec également un point interrogation par rapport aux autres qui ont certainement tout aussi bien travaillé que lui et ses copains de l’équipe suisse. «Malgré l’expérience, le fait que je viens ici depuis une dizaine d’années, cette tension est inévitable, remarque le Valaisan. On a tous ce sentiment d’insécurité, de savoir si nos adversaires ont trouvé quelque chose qu’on n’a pas, si on sera vite ou pas. On aura la confirmation que ce dimanche si on est en forme ou pas.»

‹‹Quand je suis sur une Coupe du monde comme ici à Sölden, je ne viens pas au départ pour un pique-nique canadien, mais pour essayer de mettre des gaz.››

Justin Murisier

Après avoir déclaré que vous alliez peut-être privilégier la descente cette saison, peut-on en déduire que vous aurez moins de pression en géant?

Je ne dirais pas moins de pression car si j’ai dans un coin de ma tête l’envie de passer sur la vitesse, quand je suis sur une Coupe du monde comme ici à Sölden, je ne viens pas au départ pour un pique-nique canadien, mais pour essayer de mettre des gaz et de réussir le meilleur résultat possible. J’ai l’envie de bien faire jusqu’en décembre lors du géant d’Alta Badia. C’est à ce moment-là que je me demanderais si ça valait la peine ou pas de continuer dans cette discipline.

Sur cette piste où vous avez été si souvent à l’aise, quel est votre objectif sur ce premier géant de la saison?

Si je réussis un top 10, ce serait vraiment bien. En m’élançant avec un gros dossard autour des 30, je vais essayer de réussir une bonne première manche et d’enchaîner ensuite avec une bonne remontée. Lors des derniers entraînements, je me suis senti mieux que les autres années. C’est plutôt encourageant. Alors pourquoi pas claquer un bon résultat dimanche histoire d’améliorer mon dossard pour les prochaines épreuves et d’arriver sur mes pistes fétiches comme Val-d’Isère et Alta Badia avec un bon numéro et entrevoir à ce moment-là encore un bel avenir en géant. Mais je ne me mets pas de pression, je vais prendre course par course et on verra bien.

Comment vous situez-vous à l’entraînement par rapport à Marco Odermatt et Gino Caviezel?

Comme nous étions seulement les trois, j’étais à chaque fois sur le podium! Plus sérieusement, quand j’étais deuxième, c’est que Gino ou Marco avaient commis de grosses erreurs. À l’entraînement, je vais rarement vite, mais il y a eu de bons secteurs. Cela dit, j’ai besoin de l’enjeu, de la compétition pour me transcender.

‹‹Il y a une phase où j’ai dû manger un peu plus durant l’été et changer mon régime alimentaire. Au petit-déjeuner, je devais me forcer d’avaler une grosse quantité même quand je n’avais plus faim.››

Justin Murisier

Et comment s’est déroulée votre préparation dans le groupe de vitesse?

La préparation était différente des autres saisons car en descente on a besoin de moins d’explosivités. Il a fallu aussi que j’essaie de prendre du poids en modifiant mon entraînement et ma nutrition. Comme vous pouvez le constater, on voit que j’ai un autre type de morphologie. Avant je pesais entre 82 et 83 kg et là je suis passé à 87. Je me sens différent mais j’arrive encore à bien bouger. J’ai fait un peu moins de journée d’entraînement en géant mais suffisamment pour être prêt. Mine de rien c’est un sport où on a besoin d’expérience, de bien connaître les pistes de Coupe du monde. Je suis souvent venu à Sölden, c’est un avantage, même si je ne suis pas au pic de ma forme.

Comment fait-on pour prendre du poids en masse musculaire?

Ce n’est pas facile de prendre que du muscle. Il y a une phase où j’ai dû manger un peu plus durant l’été et changer mon régime alimentaire. Au petit-déjeuner, je devais me forcer d’avaler une grosse quantité même quand je n’avais plus faim. Pas évident. Alors oui, il y a du muscle mais aussi du gras. Je suis un poil moins fin qu’un géantiste mais ça va encore.

Ça dépend des morphologies, non?

En effet. En ce qui me concerne, je suis quelqu’un qui prend facilement du poids en masse et en force. Mais 90 kg c’est un peu limite pour un athlète de 175 cm, cela donne un joli cube. Je pourrais sans problème montrer à 95 - 97 en mangeant n’importe quoi mais j’ai quand même un régime alimentaire de sportif!

Avez-vous fait appel à un nutritionniste?

Non, je travaille avec mon entraîneur physique, Florian Lorimier, qui est au point tant au niveau de l’aspect physique que de la nutrition. J’ai effectué passablement de tests concernant l’intolérance, on a déjà des bases assez claires pour prendre de la masse.

Avez-vous eu recours à des aliments complémentaires ou de la créatine?

Non, je ne suis pas adepte de ce genre de choses, je n’ai pas besoin de plus.

Ne dit-on pas que le géant est la base du ski, de la descente?

C’est la raison pour laquelle je ne veux pas tout lâcher pour la descente! Les grands descendeurs ont tous été de bons géantistes, comme Feuz, Kilde, Paris ou Kriechmayr ont tous été de bons techniciens. Alors même quand je me lancerai dans les épreuves de vitesse, je reviendrai pour être toujours devant en géant.

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