Athlétisme«Noah Lyles peut réaliser un coup à Athletissima!»
Lance Brauman, coach de Noah Lyles, est convaincu que la star américaine peut s’approcher du record du monde d’Usain Bolt ce vendredi à Athletissima. Les deux hommes préparent le meeting depuis une semaine à la Pontaise.
- par
- Sylvain Bolt
À la Pontaise, de jeunes athlètes de Lausanne-Sports Athlétisme doivent se pincer: «Wahouh, c’est Noah Lyles!» La star américaine du sprint a débarqué mercredi 17 août à Lausanne, afin de profiter du stade olympique pour préparer le meeting d’Athletissima de ce vendredi. La séance d’entraînement qui se déroule sous nos yeux va durer environ 1h30 et ressembler à celle d’un virtuose qui répète ses gammes.
Les pas sont précis, la foulée se fait de plus en plus rapide. Les coups de sifflet de Lance Brauman font décoller la fusée américaine. Présent ce jour-là à la Pontaise, l’athlète trinidadien Jereem Richards filme en «slow-motion» les départs de Lyles pour y apporter ensuite des corrections.
À 25 ans, l’Américain a remporté le mois passé son deuxième titre mondial sur 200 mètres à Eugene (USA), en réalisant un chrono de 19’’31. Soit un centième plus rapide que le record américain détenu par Michael Johnson (JO d’Atlanta 1996). Le record du monde d’Usain Bolt (19’’19) se rapproche et son coach Lance Brauman, présent avec lui à Lausanne, en est convaincu: Noah Lyles peut frapper fort ce vendredi. Celui qui entraîne aussi la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo (double championne olympique du 400) et l’Allemande Gina Lückenkemper (toute récente championne d’Europe du 100m) raconte les coulisses de la préparation.
Lance Brauman, votre athlète Noah Lyles a réalisé la course de sa vie il y a un mois…
On doit toujours rester critiques, car il y a forcément des éléments à améliorer. Le temps n’était pas parfait pour la course, c’était top mais le vent aurait pu être plus favorable par exemple. Techniquement, en revanche, Noah a réalisé une course très propre. Peut-être qu’il aurait pu encore être meilleur sur les transitions dans les virages.
Reste qu’il semble dans la forme de sa vie, non?
Noah est vraiment dans une excellente forme, oui! Il l’a prouvé au monde, il fait une incroyable saison avec ce deuxième titre mondial. On se réjouit beaucoup du meeting d’Athletissima.
Est-ce un avantage d’être arrivés une semaine avant à Lausanne?
Arriver si tôt sur place est bénéfique, c’est sûr. Ce n’était de toute façon pas possible de retourner aux États-Unis car les compétitions s’enchaînent en Europe. On a passé quelques jours aux Européens de Munich pour suivre certains des athlètes du groupe. Et puis nous sommes venus pour profiter de s’entraîner ici à la Pontaise et vivre une semaine dans ce joli cadre à Lausanne.
Que travaillez-vous spécifiquement ici?
La répétition des éléments techniques. Un gros travail en amont de la saison a été fait. Ensuite, les compétitions se sont enchaînées. Là, nous nous concentrons sur des détails à améliorer, mais aussi sur des points qu’il faudra travailler la saison prochaine. Avant cela, on veut terminer la saison très fort.
Justement, quels sont vos objectifs à court terme?
Avec Noah, mieux vaut ne pas parler en termes de chrono mais plutôt de rester concentrés sur la course. D’améliorer sa technique et tous les aspects qui lui sont liés. De continuer à apprendre et à mettre ensemble les pièces du puzzle. Après, lorsqu’il est dans une forme comme la sienne actuelle, il peut aller chercher des chronos spéciaux. Il doit juste faire sa course, rester dans le flow et ça viendra naturellement. Il ne faut pas trop y penser. À Lausanne, Noah a couru 19''50 (ndlr: en 2019), il est très excité de retrouver cette piste. Espérons que les conditions soient favorables, que le public soit bruyant. Là, il pourrait bien réaliser un coup!
Comme par exemple celui de battre le record du monde d’Usain Bolt?
Ce serait magnifique! Je l’espère, mais ça ne dépend pas seulement de l’état de forme de l’athlète. Il faut aussi prendre en compte les conditions. Le vent doit souffler dans la bonne direction. Il y a de nombreux facteurs extérieurs, mais Noah est en excellente forme et très excité de courir à Lausanne.
Comment décririez-vous la personnalité de Noah Lyles?
C’est un mec très facile à vivre. Il aime s’entraîner, c’est un amoureux de son sport et de tout ce qui lui est lié. Il devient de plus en plus un «étudiant», dans le sens où il a réellement envie de s’améliorer. Et c’est la clé pour qu’il continue à avoir du succès.
C’est également un athlète engagé, notamment pour lutter contre les discriminations raciales et pour sensibiliser l’opinion publique à la santé mentale. Avez-vous perçu un changement de son état d’esprit ces derniers mois?
Noah a reçu une excellente éducation, il a beaucoup de valeurs. Avec la pandémie, puis le mouvement Black Lives Matter, la période a été difficile à traverser pour beaucoup de personnes. Et chacun réagit différemment. Lui est devenu plus libre dans son esprit et est en quelque sorte redevenu «l’ancien Noah Lyles», celui qui a du bonheur à se mettre en piste. Et c’est là qu’il est le meilleur!
Vous êtes à la tête d’un grand groupe d’athlètes performants. Comment gérez-vous ces stars?
C’est forcément un immense privilège. Même le meilleur des coaches n’est personne sans des athlètes qui gagnent des titres. Tous les grands champions faisaient et font partie de groupes d’entraînement performants. Ils ont besoin de solides partenaires pour se pousser mutuellement vers l’excellence. C’est une collaboration jusqu’au jour de la compétition, où chacun se retrouve alors seul. Dans notre groupe, plusieurs athlètes, hommes et femmes confondus, sont très performants sur le 200 mètres par exemple. Du coup, chacun prend conscience de ce qui lui manque pour atteindre le prochain palier en regardant l’autre. Et ça leur permet d’améliorer leurs temps.
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