SuisseRéfugiés d’Ukraine: «Nos autorités sont dépassées»
C’est le constat de Walter Leimgruber, président de la Commission fédérale des migrations, qui plaide pour une révision de la politique d’asile offrant une meilleure intégration à tous les réfugiés.

Centre fédéral d'asile à Zurich.
Daniel Bach/SEMLes reportages sur des mères de famille ukrainiennes démunies qui font la queue en Suisse lors de distributions alimentaires se multiplient. L’arrivée des victimes de cette guerre a ainsi mis en évidence les maigres contributions que reçoivent les personnes en quête de protection. Soit, dans certains cantons, tout juste de 12 francs par jour – pour la nourriture, le shampoing, les médicaments et les vêtements, comme le relève le «SonntagsBlick» du jour. Et les réfugiés qui ne sont pas hébergés dans un centre d'asile fédéral attendent des semaines avant de recevoir de l'aide.
Manque de bon sens et de générosité
Pour Walter Leimgruber, président de la Commission fédérale des migrations (CFM), cela montre que «la Suisse fonctionne plutôt bien tant que tout suit son cours normal. Mais lors de crises, nos autorités sont dépassées par des situations désordonnées. Il manque parfois le bon sens, et une certaine générosité», ajoute-t-il.
Ainsi, «au lieu qu’une commune dise: nous donnons 700 francs à chaque réfugié pour qu'il puisse joindre les deux bouts les premières semaines, il faut d'abord longuement régler la question: qui paie?», déplore-t-il. Les réfugiés d’Ukraine font les frais de notre politique d’asile – un système principalement basé sur la dissuasion, rappelle-t-il: «On craint que les gens se sentent trop bien. Or, en réalité, on les empêche ainsi de voler de leurs propres ailes.»
Pourtant, note Walter Leimgruber, entre autres professeur d’anthropologie culturelle à l’Université de Bâle, les études montrent clairement que les gens ont besoin d'un soutien financier suffisant, et surtout d'une intégration. Cela non seulement à l’aide de cours de langue, mais aussi par un encadrement étroit pour trouver un stage, un apprentissage ou un emploi. «Cela a un coût, note-t-il. Mais cela nous coûte bien plus cher si nous devons leur verser une aide sociale à vie.»
Repenser l’intégration des réfugiés
Selon le président de la CFM, la Suisse doit repenser fondamentalement son approche des réfugiés, notamment en donnant à tous une chance de s'intégrer dès le début. «Même s'ils repartent après quelques années, cela ne fait pas de mal s'ils ont appris la langue et suivi une formation. Considérons cela comme une sorte d'aide au développement», note-t-il.
Le statut de protection S ne prévoit à la base pas de mesure d’intégration. Sa version adaptée maintenant aux réfugiés d’Ukraine implique des mesures d’apprentissage de la langue, la possibilité de prendre de suite un emploi et de voyager. «Cela montre ce qui pourrait être fait en matière de politique des réfugiés, pour autant que la volonté politique existe», conclut-il