EspagneAprès un tollé, d’ex-membres de l’ETA renoncent aux municipales
Condamnés pour leur participation à des assassinats, des anciens de l’organisation séparatiste basque voulaient se présenter aux municipales espagnoles. Pour se calmer le jeu, ils se retirent du scrutin.
Sept anciens membres de l’organisation séparatiste basque ETA, condamnés pour leur implication dans des assassinats, se sont retirés, mardi, de la course aux élections municipales du 28 mai, après la controverse provoquée par l’annonce de leurs candidatures.
Dans une lettre publiée par le quotidien basque «Naiz», ces candidats du parti EH Bildu, formation considérée comme héritière de la vitrine politique d’ETA, ont annoncé le retrait de leurs candidatures ou se sont engagés à ne pas occuper de poste de conseiller municipal s’ils étaient élus. «Nous n’allons pas nier aujourd’hui notre militantisme passé, ni la responsabilité que nous avons assumée», insistent-ils dans ce texte, en regrettant le tollé provoqué par leurs candidatures et en affirmant leur «engagement sans équivoque pour des voies exclusivement politiques ou démocratiques».
L’annonce, la semaine dernière, de l’inscription par EH Bildu, sur ses listes pour les municipales au Pays basque, de 44 anciens «etarras» ayant purgé des peines de prison, dont sept pour leur implication dans des assassinats, a suscité une énorme polémique.
Plainte déposée
Le Parquet de l’Audience nationale, une juridiction madrilène spécialisée dans les affaires sensibles, dont le terrorisme, a annoncé, vendredi, qu’elle allait examiner une plainte déposée par une association de victimes de l’ETA.
Fondé en 1959, sous la dictature de Francisco Franco, pour obtenir l’indépendance du Pays basque, l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna, soit «Pays basque et liberté») a commis son premier assassinat en 1968. Plus de 850 morts sont attribuées à l’organisation, qui a annoncé sa dissolution en 2018.
Droite et gauche se chamaillent
L’opposition de droite a fait de ces candidatures d’anciens membres de l’ETA son principal angle d’attaque contre le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez, dont EH Bildu est un soutien habituel au Parlement espagnol, depuis le début, vendredi, de la campagne des régionales et des municipales du 28 mai. «La démocratie, la dignité et la décence se sont imposées à Pedro Sánchez», a dit, mardi, le chef du Parti populaire, Alberto Nuñez Feijóo, après l’annonce des sept anciens «etarras».
Pedro Sánchez, qui avait critiqué, vendredi, la décision de Bildu, a accusé l’opposition de droite d’utiliser ce thème par pur électoralisme. «Chaque fois que la droite n’a rien à offrir à l’Espagne et aux Espagnols et chaque fois qu’ils pensent que les élections sont perdues, ils utilisent le même argument, l’ETA», a-t-il lancé, lundi, durant un meeting.