Jura: «Séquestrons les génératrices pour arrêter les rave parties!»

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Jura«Séquestrons les génératrices pour arrêter les rave parties!»

Le député jurassien Jacques-André Aubry a demandé au gouvernement jurassien de ne pas tolérer les fêtes illégales en plein air.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Dimanche matin 6 novembre, un agriculteur des Breuleux a répandu du purin pour contrarier une rave party.

Dimanche matin 6 novembre, un agriculteur des Breuleux a répandu du purin pour contrarier une rave party.

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Les oreilles du député suppléant jurassien Jacques-André Aubry bourdonnent encore, trois mois après une rave party organisée dans une clairière purinée au petit matin par un agriculteur des Breuleux (JU). «Que fait la police?» a-t-il demandé au gouvernement. La réponse ne l’ayant pas entièrement satisfait ce mercredi après-midi à la séance du Parlement, le technicien fournit sa solution: «Séquestrons les génératrices pour arrêter les rave parties!»

«La police a très bien pu séquestrer des smartphones, pourquoi n’a-t-elle pas privé les fêtards d’électricité?» insiste Jacques-André Aubry. Selon ce parlementaire, la police est intervenue trois fois le 6 novembre dernier, la troisième fois à la demande des organisateurs, après le passage de la citerne à purin tirée par un tracteur.

Les Vacheries

Le gouvernement jurassien soutient l’attitude adoptée par les forces de l’ordre au lieu-dit «Les Vacheries»: «La police cantonale jurassienne a agi correctement», estiment les ministres.

Pourquoi ne pas avoir stoppé la manifestation? Le département de la ministre Nathalie Barthoulot précise que la première patrouille a choisi de «ne pas interrompre de force la fête» et de «négocier une baisse du volume sonore», deux décisions validées rétroactivement par la procureure de permanence.

Le son n’a pas été baissé, mais la police a mené une «pesée des intérêts selon le principe de la proportionnalité». Une interruption de force aurait «risqué de faire dégénérer la situation et aurait nécessité la mobilisation d’un effectif important», constatent les autorités. Commentaire du député: «Les pesées d’intérêts ne sont pas les mêmes partout, par exemple au Marché-Concours, quand on reste une demi-heure de trop…».

Au HC Ajoie

Le 6 novembre dernier, la police cantonale terminait un engagement de service d’ordre à un match du HC Ajoie. Ses agents menaient simultanément d’autres interventions sur le territoire cantonal, si bien que trois heures se seraient écoulées entre la décision d’évacuer et son application. Une opération aurait été «assurément planifiée durant la journée de dimanche si la fête avait duré plusieurs soirées», indique le gouvernement.

La police craignait également que les participants causent des accidents de la route en cas de départ des lieux en urgence ou qu’ils se dispersent dans le village et commettent des déprédations. Par ailleurs, toutes les infractions constatées ont été dénoncées à l’autorité judiciaire.

Cinq dans le Jura

À la connaissance des autorités, cinq rave parties se sont tenues l’an dernier dans le Jura. Des saisies de matériels ont été menées dans certains cas. À chaque fois, l’organisateur a été dénoncé à l’autorité judiciaire, de même que certains participants en fonction des infractions constatées.

«Quels frais peuvent être imputés à l’organisatrice désignée aux Breuleux? Il s’agit d’une jeune fille à qui on ne pourra pas prendre grand-chose: les fêtards sont malins», soupire le député suppléant Jacques-André Aubry.

L’intervention musclée du maire n’a pas délogé les fêtards consommateurs de drogue et d’alcool.

L’intervention musclée du maire n’a pas délogé les fêtards consommateurs de drogue et d’alcool.

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«Aucun laxisme, voire tolérance, n’est accordée par la police», soutient le gouvernement jurassien. Les forces de l’ordre s’efforcent de détecter les rave parties en amont, ce qui s’avère difficile étant donné que tout se passe via des réseaux sociaux souvent différents, par des organisateurs différents et par périodes successives.

Il existe plusieurs bases légales pour que les coûts des interventions menées par la police ne soient pas supportés entièrement par le seul canton du Jura. Mais pour le député Jacques-André Aubry, il s’agit d’abord de respecter le sommeil des citoyens: «J’aime aussi faire la fête, mais il faut accepter de rentrer», dit-il.

De dix décibels

«Aux Breuleux, il suffisait de baisser la musique de 10 décibels et tout rentrait dans l’ordre», reprend Jacques-André Aubry. Comme la fête s’entendait loin à la ronde, le maire est intervenu: «On a un maire dissuasif, peu enclin au dialogue: la situation a failli dégénérer», rapporte le député qui craint une «autojustice».

Comment faudra-t-il réagir la prochaine fois? «Avec le modèle de Bulle, en embarquant tout le monde!» propose Jacques-André Aubry, en référence à une rave party interrompue à Nouvel-An dans une forêt fribourgeoise. Selon le député des Vacheries, les «teufeurs» reviendront quand la température remontera: «Ce sera grisant pour eux de jouer ou chat et à la souris dans le Jura».

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