Hockey sur glacePourquoi les qualités de Killian Mottet sont-elles si mal utilisées?
Le Fribourgeois est un spécialiste du power-play mais n’a encore jamais été aligné en supériorité numérique aux Jeux de Pékin. La Suisse affronte la Tchéquie mardi en 8es de finale (9h40).
- par
- Cyrill Pasche Pékin
Killian Mottet ne va sans doute pas résoudre tous les problèmes de l’équipe de Suisse. Mais l’attaquant de Fribourg-Gottéron ne pourrait-il pas être une partie de la solution?
La Suisse marque peu? Elle n’est pas spécialement percutante en supériorité numérique? Pourquoi ne pas davantage faire appel aux qualités de Killian Mottet?
Le chiffre: 0
Si son expérience internationale est certes restreinte, l’attaquant des Dragons reste un spécialiste du power-play avec son club de Fribourg-Gottéron. A Pékin, Patrick Fischer n’a encore jamais fait appel au Fribourgeois dans ces situations de jeu. Un choix curieux.
«En power-play, il pourrait clairement apporter quelque chose», assure Laurent Meunier, l’ancien capitaine de l’équipe de France et actuel commentateur sur France TV à Pékin. «Sur son côté, avec la qualité de son shoot, il pourrait être dangereux. Il fait partie des top joueurs de la ligue en supériorité numérique. Il y a bien sûr d’autres très bons éléments qui endossent déjà ce rôle avec la sélection, mais sur ce qu’ils ont montré jusqu’ici, ils ne justifient pas vraiment d’être intouchables.»
Meilleur spécialiste en club
Une question revient souvent: pourquoi sélectionner Killian Mottet à des JO si c’est pour le priver des situations de jeu qui pourraient lui permettre d’exploiter au mieux ses grandes qualités: son tir pour commencer, un des meilleurs et plus précis de la ligue. Son sens du but, aussi.
Parmi les joueurs présents à Pékin, seuls Grégory Hofmann et Denis Malgin possèdent une qualité de tir équivalente ou supérieure à celle de Mottet. Problème: l’attaquant du EVZ n’a toujours pas obtenu le moindre point depuis le début du tournoi. Le centre du ZSC revient d’une pénible semaine en isolement dans sa chambre d’hôtel après avoir été testé positif au Covid.
«Au niveau international, il faut déjà commencer par gagner la confiance du coach», souligne Laurent Meunier, coéquipier de Mottet à Fribourg-Gottéron entre 2017 et 2019. «Et le problème de Killian est qu’il n’a pas encore suffisamment d’expérience à ce niveau pour vraiment bénéficier de la confiance de Patrick Fischer. Ce que d’autres joueurs, avec leur vécu, avaient déjà avant d’arriver aux JO. C’est pour cela que j’ai l’impression qu’on ne le met pas encore dans les meilleures conditions pour performer et s’exprimer.»
Avec un temps de jeu réduit, Mottet peut difficilement exploiter son potentiel. Avec Fribourg, il est habitué à aligner les minutes de jeu (18’30’’ en moyenne par match, 7e temps de jeu de la ligue chez les attaquants suisses). Mais pour être performant, il a aussi besoin d’être épaulé par un joueur de centre capable de porter le puck et créer du jeu. C’est le cas à Fribourg avec David Desharnais la plupart du temps (mais aussi avec Chris DiDomenico).
Peu de glace
«Jusqu’ici, Killian se démène. Je le trouve correct par rapport au temps de jeu dont il a hérité, estime Laurent Meunier. Je pense toutefois qu’il pourrait être mieux utilisé par rapport à ses qualités. On le voit en championnat, il apporte énormément lorsqu’il est entouré de bons joueurs. Dans un rôle de 13e attaquant ou cantonné dans le quatrième bloc, c’est compliqué pour lui.»
Mottet avec les Lémaniques
Mardi contre la Tchéquie, la Suisse n’a pas d’autre choix que de gagner. En utilisant, ou pas, les qualités d’un joueur offensif comme Killian Mottet?
Patrick Fischer semble avoir fait un premier pas dans cette direction en plaçant Mottet aux côtés de Christoph Bertschy (LHC), au centre, et Joël Vermin (GSHC), lors de l’entraînement de lundi. «Kiki n’a pas eu beaucoup de temps de jeu jusqu’ici, mais nous l’avons maintenant intégré dans les quatre premiers blocs pour le match contre les Tchèques (ndlr: Denis Hollenstein en fait les frais), a expliqué Patrick Fischer après l’entraînement de lundi. Nous savons qu’avec son shoot et ses qualités, il peut être une arme pour nous.»
Peut-être un bon signe pour la Suisse. «A Fribourg, quand «Kiki» est bon, l’équipe gagne, fait remarquer Laurent Meunier. Et c’est un point que l’on sous-estime souvent chez lui. Il est bon avec le puck, il est chiant à affronter, il cristallise des tensions adverses parce qu’il est capable de garder le puck le long des bandes. Après, si on lui en donne la chance, à lui de prouver qu’il est capable de traduire toutes ses qualités sur la scène internationale également.»