Littérature: Populaire mais boudée des médias, Françoise Bourdin n’est plus

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LittératurePopulaire mais boudée des médias, Françoise Bourdin n’est plus

La romancière s’est éteinte dimanche à l’âge de 70 ans. Ses livres se sont écoulés à plus de 15 millions d’exemplaires.

Françoise Bourdin en 2019. La romancière prenait la pause dans son domicile de Vernon. «Il y a un certain mépris pour la littérature populaire», avait-elle regretté.

Françoise Bourdin en 2019. La romancière prenait la pause dans son domicile de Vernon. «Il y a un certain mépris pour la littérature populaire», avait-elle regretté.

Stéphane de Sakutin / AFP

La romancière française Françoise Bourdin est décédée dimanche à 70 ans. Jamais invitée sur les plateaux de télévision et rarement citée dans les pages littéraires des journaux, elle comptait pourtant parmi les dix écrivains les plus vendus en France. Avec plus de 15 millions d’ouvrages vendus, traduits en 12 langues, elle est l’auteure de près de cinquante livres qui ont rencontré un immense succès, certains ayant été adaptés à la télévision, comme «Terre indigo».

«J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille de Françoise Bourdin, à ses deux filles, Fabienne et Frédérique», a déclaré dans un communiqué la directrice générale du groupe d’édition Editis, Michèle Benbunan, en annonçant son décès dans un communiqué transmis à l’AFP.

Son dernier livre, «Un si bel horizon», était sorti aux éditions Plon début 2022.

«Il y a un certain mépris»

«Il y a un certain mépris pour la littérature populaire», regrettait en 2019 la romancière.

En près de 50 romans, Françoise Bourdin avait «su conquérir un large lectorat, avec ses histoires familiales, ses drames et ses joies, son écriture limpide et ciselée», a estimé Michèle Benbunan. «Les équipes du groupe (Editis) gardent le souvenir d’une auteur imaginative, rigoureuse dans l’écriture et proche de ses lecteurs, d’une femme passionnée et indépendante, qui aimait parler de son amour pour la vitesse, pour les chevaux et les voitures», a-t-elle ajouté.

La romancière à la voix légèrement rocailleuse de fumeuse impénitente avait choisi de vivre loin de Paris, et revendiquait d’écrire «des histoires qui nous ressemblent», centrées sur des histoires de famille. «Les gens qui méprisent ce que j’écris n’en ont évidemment jamais lu un seul paragraphe. C’est très injuste. C’est un a priori élitiste», se défendait-elle.

«Je ne déçois pas mon lectorat»

Mais «je ne déçois pas mon lectorat». «Ceux qui prennent la peine de me lire y trouvent un certain plaisir (…) À un moment, on s’est dit que mon lectorat, majoritairement féminin et âgé de plus de 50 ans, allait s’effriter». «En réalité, ça ne s’est pas passé comme ça. Mon lectorat s’est reconstitué avec les filles qui trouvaient un de mes bouquins chez leur mère et en achetaient à leur tour. Ça continue et c’est super…», se félicitait Françoise Bourdin.

Née à Paris en 1952, Françoise Bourdin est issue d’une famille d’artistes. Ses parents, Georges Bourdin et Geori Boué, étaient des chanteurs lyriques réputés, enchaînant les tournées à l’étranger.

La romancière se souvient avoir vu sa mère interprétant le rôle-titre de «Mireille», l’opéra de Charles Gounod, au théâtre d’Arles dans le sud de la France. «Quand Mireille meurt dans les bras de son amant, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps étonnée de voir le public, debout, applaudir à tout rompre», aimait-elle à raconter.

Dans la bibliothèque de son père

Elle découvre la littérature en puisant dans la vaste bibliothèque de son père et se passionne pour Giono, Colette, Mauriac; puis Baudelaire et Nerval, remplacés par Proust, Tolstoï, les sœurs Brontë, Sartre, Zola, Dumas et Hugo…

L’adolescente écrit également des nouvelles et bientôt un premier roman («Les soleils mouillés») que l’éditeur Julliard publie en 1972 alors qu’elle n’est pas encore majeure.

Un deuxième roman, «De vagues herbes jaunes» paraît l’année suivante et sera adapté pour la télévision.

La mort de son père en 1973 bouleverse les cartes. Françoise Bourdin ressent le besoin de s’enivrer de nouvelles sensations. Il y a cette «passion dévorante» des chevaux. Dans son petit cabinet de travail, elle gardait une photo d’elle au grand galop. Elle possédait aussi une Triumph Spitfire – un cabriolet anglais – pour assouvir son besoin «d’aller vite».

(AFP)

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