On l’a vu«Super Mario Bros.», plombiers fidèles
Le long métrage d’animation rempli plus que parfaitement son cahier des charges. Jusqu’à l’extase pour les fans, jusqu’au haut-le-cœur pour ceux qui ne sont pas tombés dans la soupière.
- par
- Jean-Charles Canet
Alors que l’infâme et tortueux Bowser envahit un royaume de glace dans un univers parallèle, Mario et Luigi tentent de lancer en indépendants leur carrière de plombiers à New York. Non sans mal. Aspiré dans un tuyau magique bien caché, Mario se retrouve au royaume Champignon alors que Luigi est fait prisonnier par le méchant cracheur de feu sous carapace. Ainsi commence «Super Mario Bros.», le film d’animation (100% en image de synthèse) exécuté les doigts sur la couture du pantalon par le studio parisien Illumination – Gru et les Minions, ce sont eux. Le tout sous la rigoureuse supervision de Nintendo et, en particulier, de Shigeru Miyamoto, le papa de Mario.
Le résultat? Un film d’animation de qualité supérieure, coloré et trépidant, qui fait rire aux éclats les petits (on l’a constaté), glousser les fans séduits par les nombreuses références aux jeux de leurs jeunes années, sourire les amateurs de divertissements colorés et bon enfant mais qui a aussi le potentiel d’assommer les vieux grognons qui ne sont jamais tombés dans la soupière. Pendant la vision, on s’est réincarné dans chacun de ces rôles. On passe en thérapie très vite, promis.
Aucune prise de risque donc, les leçons du long métrage homonyme de 1993 – une catastrophe industrielle et artistique – ont été retenues. Pour ce navet intersidéral, pas même la nostalgie ou une curiosité masochiste ne peut le sauver, il vient néanmoins d’être réédité en Blu-ray, comble de l’opportunisme.
«Dans Super Mario Bros.», millésime 2023, tous les boulons sont vissés, la grammaire visuelle concorde parfaitement à celle peaufinée dans les jeux et l’esprit est celui du divertissement pour les jeunes de 7 à 77 ans. Mario et Luigi sont gentils, Bowser est très méchant mais aussi un tantinet crétin. Pointe de modernité, la princesse Peach a gagné du galon, la voilà fière, active, indépendante. L’histoire? Il n’y en a pas, ou si peu. Un voyage classique du héros qui subit des obstacles mais qui triomphe à la fin et en ressort transformé. Enfin transformé, n’exagérons rien.
Et les péripéties? À l’instar des jeux, elle n’est qu’un prétexte, une variation d’éléments dramatiques et comiques très simples dont les emboîtements, comme des pièces de Lego, peuvent se révéler très malins.
Grand admirateur des gameplays conçus par Nintendo, nous n’avons pas boudé notre plaisir face à cette récréation arrimée à de nombreux produits dérivés (des jeux bien sûr, des jouets aussi, des parcs d’attractions et bientôt peut-être le monde). Détail qui ne trompe pas sur la stratégie au long cours du groupe, la direction offre à son public deux spots publicitaires avant le film, un pour rappeler l’existence du jeu «Super Mario Odyssey» l’autre celle de «MarioKart 8».