MalteElle est poursuivie en justice pour avoir avorté
Un cas rare d’application de l’interdiction totale de pratiquer l’IVG sur l’île méditerranéenne s’est produit récemment, a annoncé une ONG.
Une femme est poursuivie en justice à Malte pour avoir avorté, a annoncé jeudi une ONG, un cas rare d’application de l’interdiction totale de pratiquer l’IVG sur l’île méditerranéenne. «Ce qui n’aurait jamais dû arriver s’est produit aujourd’hui: une Maltaise a été traduite en justice pour avoir subi un avortement médicamenteux à domicile», a indiqué la Women’s Rights Foundation sur les réseaux sociaux.
L’ONG dit avoir aidé juridiquement cette femme, restée sous le couvert de l’anonymat et qui a bénéficié d’une libération conditionnelle, sans plus de précision. Bien qu’elle ait été traitée avec dignité et respect, «cela n’aurait jamais dû arriver», a regretté l’ONG.
Le Dr Natalie Psaila, membre du groupe Doctors for Choice Malta, a précisé à l’AFP que cette femme avait demandé l’aide de leurs services pour trouver un avocat. «Une femme ne devrait jamais être poursuivie pour avoir interrompu sa grossesse. Décriminalisez l’avortement immédiatement!» a appelé Doctors for Choice Malta dans un message publié sur Facebook.
«Un droit fondamental»
Malte, à majorité catholique, est le seul pays de l’Union européenne à interdire totalement l’avortement. Le Parlement de l’île débat actuellement d’un projet de loi qui assouplirait l’interdiction en autorisant l’avortement si la vie ou la santé de la mère étaient gravement menacées.
L’Église et le principal parti d’opposition sont fermement opposés à ce projet, mais une partie de l’opinion publique semble le soutenir, notamment les jeunes. «L’accès à un avortement sûr est reconnu dans le monde entier comme (…) un droit fondamental. Que des femmes soient poursuivies pour cela ici devrait nous faire honte à tous», a déclaré jeudi la Fondation des droits des femmes.
Une «réforme de l’avortement»
En vertu de l’interdiction actuelle, tout professionnel de santé pratiquant un avortement enfreindrait la loi, même si aucun médecin n’a jusqu’ici été poursuivi pour cela selon les médias. Le gouvernement du Premier ministre Robert Abela a déclaré que sa proposition de modification de loi n’était pas une «réforme de l’avortement», mais qu’il souhaitait permettre aux professionnels de santé de faire leur travail sans crainte.
En mai 2021, le quotidien «Times of Malta» a rapporté que personne n’avait fait l’objet d’accusations pénales pour avoir avorté ou aidé à interrompre une grossesse à Malte au cours des cinq dernières années.