IndeArrêt d’une usine produisant des sirops qui auraient tué 69 Gambiens
L’unité de production de Maiden Pharmaceuticals a été arrêtée par les autorités indiennes. Une enquête doit déterminer si les sirops qui en sont issus ont causé la mort d’enfants en Afrique.
Les autorités indiennes ont mis à l’arrêt mercredi l’usine productrice du laboratoire Maiden Pharmaceuticals, dans le nord de l’Inde, sous le coup d’une enquête après la mort de 69 enfants en Gambie, selon les médias locaux. Ces décès au cours des trois derniers mois sèment l’émoi dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, où les autorités suspectent des sirops pour la toux contenant du paracétamol et de la prométhazine, dont elle a ordonné le rappel, d’avoir été fatals aux enfants.
«Nous avons ordonné que toute production de médicaments dans cette unité soit arrêtée avec effet immédiat», a déclaré mercredi le ministre de la Santé de l’État d’Haryana, Anil Vij, à l’agence de presse indienne PTI. Une première inspection de l’usine située dans la ville de Kundli, à une quarantaine de kilomètres de New Delhi, a révélé douze violations du protocole, a-t-il précisé.
Découverte d’un nombre de polluants inacceptable
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait émis la semaine dernière une alerte concernant quatre sirops contre la toux produits par ce laboratoire, qui pourraient avoir un lien avec les 69 enfants morts d’une insuffisance rénale en Gambie. Un examen du site a mis en lumière «un nombre inacceptable» de polluants potentiellement dangereux, a expliqué l’agence de l’ONU, ajoutant que ces médicaments ont pu être distribués ailleurs que dans le pays d’Afrique de l’Ouest.
Selon l’OMS, les quatre médicaments contaminés ont été identifiés en Gambie mais pourraient avoir été distribués, par le biais de marchés informels, ailleurs en Afrique. Par mesure de précaution, l’OMS recommande à tous les pays de détecter et de retirer ces médicaments de la circulation. Le rappel doit aussi s’appliquer aux importateurs, grossistes et détaillants de médicaments, y compris les hôpitaux.
Le ministre de la Santé indien, Mansukh Mandaviya, avait dit la semaine dernière être informé des découvertes de l’OMS et attendre les résultats des tests menés par le laboratoire sur les quatre sirops mis en cause. Selon lui, seule la Gambie en a reçu. Toutefois, pour le directeur de Maiden Pharmaceuticals, Naresh Goyal, les sirops produits par son laboratoire ne sont pas responsables de ce drame, a-t-il affirmé au journal indien «The Economic Times».
Déjà dans le collimateur des régulateurs indiens
Le laboratoire avait déjà attiré l’attention des régulateurs indiens plusieurs fois. L’Agence fédérale des produits alimentaires et médicamenteux avait notamment remis quatre avis au laboratoire, qualifiant sa fabrication de «médiocre» après avoir mené des tests sur des lots, selon le site internet de l’agence.
La police gambienne a, pour sa part, annoncé samedi l’ouverture de sa propre enquête sur la mort des enfants.