Suisse-FranceAffaire Mia: c’est le pôle antiterroriste qui va enquêter
Après la découverte d’une fillette enlevée à la demande de sa mère française à Sainte-Croix (VD), en 2021, c’est le parquet antiterroriste qui va se charger de l’enquête.
Le parquet de Nancy a annoncé, jeudi, que la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) se dessaisissait de l’affaire Mia au profit du pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris (France), «en concertation avec le parquet national antiterroriste».
«Il est en effet apparu (…) que ces agissements faisaient partie intégrante du plan d’actions violentes du groupuscule d’ultra-droite baptisé «DW Renversement» visant l’État et ses représentations», précise le procureur de la République, François Pérain, dans un communiqué.
«En concertation avec le parquet national antiterroriste», la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy a donc demandé aux juges du pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris de reprendre cette affaire qui avait eu un fort retentissement.
Décision prochaine
«L’objectif est en effet de joindre ces faits à ceux déjà instruits au pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris, considérant que les enlèvements d’enfants placés faisaient partie intégrante du plan d’actions violentes» de ce groupuscule, a ajouté le parquet national antiterroriste joint par l’AFP.
Les juges d’instruction rendront leur décision «dans un délai compris entre huit jours et un mois», a précisé le parquet de Nancy, une décision ensuite «susceptible d’être contestée devant la chambre criminelle de la Cour de cassation dans un délai de cinq jours».
Retrouvée en Suisse
La petite Mia, huit ans à l’époque, résidait chez sa grand-mère dans les Vosges quand elle avait été enlevée le 13 avril 2021 par plusieurs hommes, à la demande de sa mère qui n’en avait plus la garde et n’avait plus le droit de la voir seule.
La mère et la fillette avaient été retrouvées saines et sauves cinq jours plus tard dans un squat en Suisse. La mère, Lola M., 28 ans, avait été interpellée et mise en examen pour «enlèvement de mineur de 15 ans en bande organisée» et «soustraction de mineur par ascendant hors du territoire de la République».
D’abord placée en détention provisoire, elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire en septembre.
Le «cerveau» d’un groupe d’ultra-droite
Soupçonné d’avoir organisé à distance l’enlèvement de la fillette, Rémy D., figure des milieux complotistes, avait ensuite été inculpé et écroué mi-juin notamment pour complicité d’enlèvement d’un mineur de quinze ans en bande organisée et association de malfaiteur en vue de commettre le crime d’enlèvement de mineur de quinze ans en bande organisée. Au total, onze personnes ont été mises en examen dans cette affaire.
Il avait été arrêté fin mai 2021 sur l’île touristique malaisienne de Langkawi où il résidait avec sa compagne et leurs trois enfants: la Malaisie les avait expulsés vers la France, car leurs visas étaient expirés.
Rémy D., aujourd’hui âgé de 55 ans, a aussi été mis en examen le 22 octobre pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle»: il est soupçonné d’être «le cerveau» d’un groupe d’ultra-droite projetant des actions violentes et un «coup d’État» contre le gouvernement.