GuatemalaUne ex-procureure anticorruption bientôt libérée
La Cour suprême du Guatemala a ordonné la remise en liberté de Virginia Laparra, condamnée en décembre 2022 à quatre ans de prison après un procès dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme.
La justice a cinq jours pour se conformer à la décision de la chambre criminelle de la Cour suprême du Guatemala. Celle-ci a ordonné la remise en liberté de Virginia Laparra. Cette ancienne procureure anticorruption a été condamnée en décembre 2022 à quatre ans de prison pour abus d’autorité après un procès dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme. La décision prend en considération le fait que Mme Laparra a déjà effectué plus de la moitié de sa peine en tenant compte de ses dix mois d’emprisonnement avant sa condamnation le 16 décembre 2022.
Arrêtée en février 2022 dans le cadre d’une répression contre les procureurs anticorruption, Mme Laparra, 43 ans, était cheffe du parquet spécial contre l’impunité (FECI, anticorruption) dans le département de Quetzaltenango (Ouest). Sa condamnation avait été critiquée par les États-Unis et l’Union européenne ainsi que par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits de l’homme.
Un futur deuxième procès
Mme Laparra doit faire l’objet d’un deuxième procès à Quetzaltenango pour l’accusation de publication d’informations confidentielles mais aucune date n’a été fixée pour son ouverture parce que l’accusation tente de remplacer le juge chargé de l’affaire, qui lui avait accordé en juillet un placement en résidence surveillée. L’ancienne procureure était toutefois restée en prison, dans un baraquement militaire de la capitale.
Lors de la répression contre le parquet anticorruption, un ancien représentant de la Commission de l’ONU contre l’impunité au Guatemala (CICIG) avait également été arrêté.
Scandale de fraude et corruption
La CICIG, créée en 2007, avait fait éclater en 2015 un scandale de fraude et de corruption dans les services de douane qui a abouti à la démission du président de l’époque Otto Pérez (2012-2015), accusé d’être l’instigateur et le bénéficiaire des détournements. La répression du parquet anticorruption était menée par la procureure générale Consuelo Porras, inscrite en 2021 par Washington sur la liste des «acteurs corrompus» pour avoir «à plusieurs reprises, entravé et sapé des enquêtes anticorruption au Guatemala pour protéger ses alliés politiques et obtenir des faveurs politiques indues», selon le département d’État américain.
Le bureau de Mme Porras est désormais également accusé par Washington de «saper» la démocratie pour avoir dénoncé l’élection présidentielle d’août dernier, remportée par le candidat d’opposition Benardo Arévalo, et lancé une enquête sur des anomalies présumées. Le parquet a également demandé la levée de son mandat de député et cherché à annuler son parti politique.
M. Arévalo, élu sur la promesse de combattre la corruption et qui prendra ses fonctions le 14 janvier, a dénoncé un «coup d’État» fomenté selon lui par l’élite politique «corrompue» du pays. Le Guatemala figure au 30e rang sur une liste des 180 pays les plus corrompus établie par Transparency International.
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