AgricultureLes députés brésiliens adoptent une loi «facilitant» le déboisement
Régulariser l’occupation illégale de terres publiques: un projet de loi brésilien risque de favoriser les exploitations agricoles «sauvages» en Amazonie.
La Chambre des députés du Brésil a approuvé un projet de loi controversé qui facilite la régularisation de terres publiques occupées illégalement par des exploitants agricoles, y compris en Amazonie. Ce texte, approuvé tard mardi, avec 296 voix pour et 136 contre, doit encore être étudié par le Sénat.
S’il est adopté par la Chambre haute, il permettra d’augmenter le nombre de terres pouvant être régularisées sans inspection préalable de l’Institut national de colonisation et de réforme agraire. Les occupants devront seulement fournir une série de documents et une déclaration sur l’honneur, dans laquelle ils s’engagent à respecter les lois environnementales.
Déforestation encouragée
Pour l’opposition, cette loi va encourager l’expansion d’exploitations agricoles illégales en Amazonie, alors que la déforestation a déjà fortement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, en 2019.
Un argument réfuté par le député Zé Silva, auteur de ce texte: «Certains disent que ce projet de loi défend les occupations illégales, mais il sert justement à les combattre, en les régularisant. Ce sont des agriculteurs qui rêvent d’avoir leurs propres terres, mais ne peuvent pas vendre leur production légalement.»
«Cela vaut la peine de faire intrusion dans des terres…»
En Amazonie, un grand nombre de terres publiques sont exploitées depuis des décennies, même si leurs occupants ne sont pas reconnus comme propriétaires par l’État. «En approuvant ce projet de loi, le message que les députés passent aux Brésiliens, c’est que ça vaut la peine de faire intrusion dans des terres pour les déboiser», déplore Mariana Mota, de l’antenne brésilienne de Greenpeace.
En mai dernier, plusieurs chaînes de grande distribution de l’Union européenne et du Royaume-Uni avaient menacé de boycotter les produits agricoles brésiliens si cette loi était adoptée. Ces derniers mois, le gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro et ses alliés du puissant lobby de l’agronégoce au Parlement ont tenté d’accélérer l’adoption d’autres projets de loi hautement controversés, notamment sur la démarcation de terres indigènes.